L'histoire :
Attablé dans un bouge, au fin fond de la jungle mexicaine, Hijo raconte à deux touristes bouches-bée la terrible légende de Ché-é, l’esprit vengeur et félin de la forêt. Selon le mythe, El diablo negro (c’est son autre nom) vit tapis de l’autre côté des « cénotes », des trous remplis d’eau (où les mayas jetaient leurs morts). Il reste dans cet inframonde, un lieu magique situé sous une couche d’eau, et n’en sort que pour protéger la forêt contre les intrusions néfastes. Il est interrompu par son ami Escobar, descendant des guerriers mayas, qui se moque de sa tactique pour boire des litres de bière gratos. Le lendemain, Hijo est en train de refourguer un faux crâne de cristal à deux autres gogos, lorsqu’un guérillero sort de la jungle, paniqué. Il est l’unique survivant et témoin d’une attaque sanglante de Ché-é et il faut qu’il téléphone de toute urgence à son boss, le puissant industriel Rosario, à Mexico. Du haut de sa tour high-tech, le démoniaque Rosario a un sourire narquois : il se doutait bien que Ché-é avait survécu à leur dernier duel, il y a 25 ans, et il jubile de pouvoir reprendre la confrontation. Escobar, quant à lui, se prépare avec ses amis pour une mystérieuse mission commando, la nuit venue…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sacrés mayas ! Non content de nous faire flipper avec la fin du monde annoncée le 21 décembre 2012 prochain, ils nous lèguent des légendes tout aussi angoissantes et légèrement plus subtiles. Ainsi celle de Ché-é, le démon félin protecteur de la forêt, ressuscitée et arrangée à la sauce Louis. C'est-à-dire trempé dans une mixture d’action, d’humour et de fantastique, avec un plein tube de Guronsan®. A 200 à l’heure, mais avec une belle maitrise de la conduite, Louis pilote la première partie de son diptyque à grands renfort de flashbacks, de légendes narrées, de séquences fantastiques et de planches explosées, avec une démarche écolo sous-jacente (qui reste tout de même à distance de tout positionnement politique). Bref, ce qui scotche, au premier coup d’œil, comme dans Tessa, c’est son incroyable talent pour le mouvement. Cadrages et découpages optimisent à tous points de vue sa griffe semi-réaliste, dans une écriture graphique sur-vitaminée, ultra dynamique… et pourtant le récit reste toujours fluide et agréable à suivre. Un véritable modèle du genre, qui comblera les amateurs d’action. Notons au passage que la colorisation a été assurée et particulièrement soignée par Véra Daviet, épouse du dessinateur (dixit le petit mot doux en remerciement), pour la première fois à ses côtés. En outre, cette série s’inscrit certes dans un registre grand public largement rocambolesque, il demeure tout de même délicatement imprégné par les rites et traditions mexicains, sans en faire de trop, sans jamais alourdir le propos. Est-ce qu’au bar, on peut en reverser une tournée ? (maya na aimer les jeux de mots)