L'histoire :
Cette nuit-là, le jeune ours blanc Waluk s’endort seul dans son recoin de banquise : sa maman l’a abandonné. Il l’ignore encore, mais visiblement, c’est monnaie courante chez les ours, d’être abandonné pour apprendre à grandir. Mais pour le moment, il a faim car il n’est pas trop habitué à devoir se débrouiller par lui-même. Il erre un peu, bouffe des poissons morts et des algues pourries (beuark)… Puis il a l’idée géniale de suivre le vol d’un canard isolé. Bingo : il découvre un site de nidification géant, avec un véritable tapis d’œufs sur des dizaines d’hectares ! Après avoir poussé un gros grognement pour faire s’enfuir la volaille, Waluk se fait un véritable festin de roi. Il se roule même dans les coquilles et le jaune d’œuf, lorsqu’il tombe nez à nez avec un autre ours, un vieux, qui pousse un grognement plus fort et l’envoie valdinguer à quelques mètres d’un coup de patte. Esquimau (c’est son nom) réveille pourtant Waluk en le léchouillant et il sympathise avec lui. Finalement, Esquimau propose une alliance à Waluk : son expérience de la chasse, contre le flair qui lui fait désormais défaut…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En marge des Djinn avec Jean Dufaux, Ana Mirallès s'est mise en 2010 à dessiner des histoires « jeunesse », à vocation écologique et au format paysage. Scénarisé par son époux Emilio Ruiz, le présent Waluk est aujourd'hui réédité par Dargaud à un format « normal », après une première édition chez Delcourt en 2011 au format paysage. L'aventure met en scène la quête initiatique d’un jeune ours blanc aux côtés d’un vieil ours à qui on ne la fait plus. Ensemble, ils sont confrontés à la gangrène de leur petit coin de banquise en raison de la pollution humaine… mais rassurez-vous, tout finira plutôt bien pour eux (dans le bouquin, du moins). Dans un premier temps, ce sont les personnages et leurs conditions de vie si particulières qui nous sont présentés. Le gros avantage de la banquise, c’est qu’elle nécessite peu de recherches et de travail pour les décors. Néanmoins, le dessin de Mirallès est très expressif et juste dans les postures, ce qui rend les deux ours très attachants. La vocation environnementale de cette aventure transparaît surtout dans la deuxième partie de l’album, abominablement plus réaliste : le réchauffement climatique est actuellement en train de nuire à la banquise. C’est indéniable et vue l’impuissance de l’humanité à réagir, il est peu probable que ce soit réversible. Les parents retireront d’ailleurs certainement une certaine aigreur de cette lecture, qui plaira toutefois assurément aux petits (le nounours est une valeur sûre). Un deuxième épisode est prochainement annoncé chez Dargaud...