L'histoire :
Sur l’île de Lodoss, des démons apparaissent depuis peu. Ils viennent de Moss, la partie sud-ouest de l’île et déciment petit à petit les humains aux alentours. A Valis, pays du centre de l’ile, suite aux réclamations des fidèles et pour ne pas perdre la face devant l’ordre de la déesse Marfa qui a déjà organisé l’accueil de réfugiés, l’ordre de la déesse Falis se voit obligé de réagir pour ne pas perdre la face, mais le dirigeant ne veut pas déclarer la guerre sainte pour le moment. Il est donc décidé que Flaus, la plus jeune des commandantes de l’histoire des prêtres guerriers de Falis, sera envoyée en tournée d’inspection dans tout le pays. La jeune fille parcourt les régions depuis un an maintenant et son quotidien n’est fait que de combats contre des démons et de paysages désolés, ravagés par les créatures. Avec pour seules armes son courage, sa masse et son bouclier consacrés, et ses formules magiques divines, Flaus se bat aujourd’hui dans un village qui vient d’être mis à feu et à sang par une dizaine de démons. Elle parvient rapidement à se défaire de ces derniers mais un démon supérieur lui lance un enchantement qui l’immobilise totalement. Sur le point d’être dévorée, Flaus est néanmoins sauvée par l’intervention de Beld, un mercenaire à la puissance impressionnante, et son compagnon le magicien Wort. Dans l’ombre, une mystérieuse guerrière magicienne leur vient également en aide mais repart avant qu’on ne la remarque... Flaus engage Beld et Wort et tous trois retournent au temple principal de Falis où la jeune femme fait son rapport sur la situation après un an de voyage. Là-bas, Flaus rencontre Fawn, le commandant des chevaliers saints du roi de Valis. Ce dernier est venu lui demander son aide, car un démon ayant pris son apparence, un dopplegänger, a dérobé l’épée, le bouclier et l’armure magiques du roi. En cherchant à voir où le démon a pu partir, Wort détecte la présence du seigneur des démons qui l’empêche d’utiliser sa magie. Il va donc falloir que la troupe fasse un crochet au pays d’Alania, au nord-est, où se trouve l’école de formation des mages, afin d’utiliser la boule de cristal du doyen. Pendant ce temps, le dopplegänger attaque le pays de Moss avec les armes magiques et donne à croire que Valis veut entrer en guerre avec son voisin. Et dans les sous-sols de l’île, le royaume des nains se fait lui aussi attaquer de toutes parts...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les chroniques de la guerre de Lodoss - La dame de Falis présente une histoire que certains connaissent déjà car elle a été publiée à plusieurs reprises par des éditeurs différents, mais sans jamais rencontrer son public. Le titre fut en partie édité par feu Manga Player dans des recueils parus en librairie, puis repris par Delcourt en 1996 avec un premier volume sans suite, et enfin par feu Kami en 2005 en 2 tomes complets mais d’une qualité discutable. Cette fois, Kazé manga offre aux lecteurs une superbe intégrale de 520 pages à la couverture imitation cuir avec dorures, au papier agréable et à l’encrage correct, une première pour le titre. Le seul regret vient de l’absence des illustrations couleurs de la série. L’histoire en elle-même raconte la jeunesse des héros légendaires évoqués dans la première série animée, elle-même issue des romans d’où le reste de l’univers Lodoss est tiré. Si les événements scénaristiques peuvent paraître clichés, c’est qu’ils le sont sûrement un peu. Normal : Lodoss a purement et simplement lancé l’heroic fantasy au Japon, et cette adaptation manga de la licence se devait donc de maintenir l’esprit originel ; une mission réussie avec succès. Les amateurs de classiques du genre seront donc dans leur milieu favori, tandis que les lecteurs habitués à une heroic fantasy plus sexy ou spectaculaire découvriront l’ambiance des œuvres qui ont inspiré les titres qu’ils lisent habituellement. On notera par ailleurs que jamais un manga n’aura plus fidèlement appliqué les fondements premiers du jeu de rôle médiéval fantastique : pas vraiment étonnant lorsqu’on sait que Lodoss est largement inspiré de Dungeons & Dragons ainsi que du Seigneur des anneaux. Du point de vue narration, il s’agit là d’une assez longue quête dotée de multiples rebondissements dont les mystères ne sont révélés que petit à petit. Il faut un peu s’accrocher pour bien s’y retrouver au début : quelques transitions sont un peu abruptes et les scènes d’action sont parfois un tout petit peu confuses, effet encore renforcé par une mise en page très libre et le trait très fourni au style crayonné riche en petites hachures, tous les ombrages étant fait à la main (il n’y a presque aucun tramage ni aplat de noir). Qui plus est, les dialogues sont au niveau de la geste qui nous est contée, celle de héros légendaires, et le langage est donc assez châtié, à tel point qu’il faut de temps en temps un minimum de vocabulaire pour tout saisir, sans compter que les tournures des phrases ne sont pas toujours évidentes non plus. De fait, ce seinen sera donc difficilement apprécié par les plus jeunes lecteurs, qui ne sont de toute manière pas le cœur de cible, mais même pour les plus âgés un dictionnaire à portée de main peut s’avérer utile une ou deux fois. Le dessinateur qui a eu la lourde tâche de mettre tout cela en images est talentueux et possède un style magnifique qui colle tout à fait à ce type de scénario. Pour autant, les planches ne pas toujours égales, et on passe ainsi parfois d’une illustration à couper le souffle à une planche à l’action un peu confuse. L’utilisation d’une mise en page et de plans audacieux s’avère alors à double tranchant : certaines pages sont des modèles du genre tandis que d’autres se retrouvent un peu difficiles d’accès. En tout cas, il s’agit là d’une œuvre indispensable pour les amateurs d’heroic fantasy, et qui plus est historique dans une certaine mesure : point d’hésitation à avoir, donc !