L'histoire :
4040. La Terre n’a finalement pas beaucoup changé. A ceci près qu’en équipe de scientifiques et d’explorateurs ont découvert un portail qui donne sur une étrange dimension parallèle. On l’a nommée « La passerelle ». Cette découverte va peut être révolutionner le monde et, évidemment, beaucoup de personnes s’y engouffrent pour être ceux qui changeront les choses en profondeur. Il a toutefois fallu respecter des protocoles de sécurité et des drones ont d’abord été envoyés dans La passerelle. Puis, on est passé à l’étape supérieure en envoyant deux humais. Deux cartographes qui sont chargés de repérer les lieux et d’en délimiter les contours. La mission se passait plutôt bien jusqu’au moment où les communications ont été coupées. L’un des cartographes se retrouve seule, dans ce désert de neige et cette nature désolée. Elle marche inlassablement en espérant retrouver son acolyte mais elle finit par tomber, épuisée. C’est alors une étrange lueur jaillit du sol blanc et s’élève devant les yeux médusés de la cartographe. Elle n’est pas au bout de ses surprises puisque cette lumière irréelle parvient à la soulever de terre et la transporter dans les airs. Elle se retrouve dans une ville, vide elle aussi, et la lueur la pose délicatement proche d’une table dressée. Un individu se rapproche de la cartographe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici un voyage étonnant que nous propose Urban Inde dans cette belle édition au grand format. Étonnant et émouvant pour les lecteurs français car le pont (la passerelle?) entre l’œuvre de Richard Blake et l’univers de François Schuiten est plus qu’évident. Les deux auteurs mènent d’ailleurs une interview croisée à la fin du volume, comme pour mieux matérialiser cette quasi fusion de style. Pour le reste, on est tout simplement scotché par l’intelligence du récit, la maîtrise narrative et la lente et implacable progression qui mène à un suspense haletant. Alternant silence fort et dialogues intelligents, Blake mène une intrigue riche en simplicité et en émotions. Tout semble hybride, que ce soit les personnages à moitié mécaniques, la temporalité fluctuante et les mondes qui se ressemblent et s’entrelacent, sans compter l’emprunt/ hommage aux Cités de Schuiten. Pour sa première bande dessinée, l'auteur signe un coup de maître avec un final renversant, qui souligne le principal intérêt de cet album : le voyage. Car dans ce domaine, jamais un album ne vous aura autant ouvert l’esprit et le psychique (mise à part dans les BDs de Schuiten bien sûr). Les planches et les cases immenses sont des véritables évasions à ciel ouvert, sublime exploration de l’au-delà et de l’imaginaire. Les clins d’œil à Schuiten, comme les plans sur de gigantesques bibliothèques ou sur les toits d’immeubles, sont de vibrants hommages. Staden a raison : « Le spectacle vaut le détour ».
