L'histoire :
Déconnecté de notre monde depuis quelques temps (en mission ? en retrait ?), l’agent Jack Bauer est de retour à Washington DC. Il est surpris de voir des noirs faire la bamboula dans la rue pour fêter l’élection, à la tête de l’état, du premier président noir des USA : Barack Obama. Un vague souvenir de la Somalie porte alors soudainement la confusion en Jack. Il perd les pédales, sort son flingue et canarde alentours. Il se réveille en taule, le pantalon plein d’urine, car il a été « tasé ». Son colonel bien-aimé paie sa caution et le sort de là, en échange d’une mission à hauts risques : la protection rapprochée d’Obama et de sa famille ! Au début, Jack est passablement désarçonné : la couleur de peau de ce président et son dévouement envers les plus pauvres ne sont guère dans ses idéaux. A la Maison Blanche, Jack mesure la sécurité drastique mise en place, et notamment celle de Michelle Obama, véritable chien féroce qui veille sur son époux. Il fait aussi la connaissance du fantôme d’Henry Kissinger, qui hante toujours les murs du lieu et se gausse de la tournure que prennent les affaires géopolitiques. Néanmoins, Obama est cool : il invite Bauer à sa table, lui confie la protection rapprochée de ses filles et lui propose de loger dans le cabanon en bois du parc, où se réfugiait Bush junior pour picoler en douce…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir rit (jaune) avec notre sphère bancaire qui se nourrit sur le dos des masses (lire Banques de Pute), Thibault Soucié s’en prend à présent à la politique américaine, sur un ton moins cynique, mais tout aussi moqueur. Pour cela, il invoque et relie deux grands mythes de l’Amérique contemporaine, qui ne demandaient qu’à bosser ensemble : Barack Obama et Jack Bauer. Après tout, la première saison de 24 heures chrono ne présentait-elle pas pour la première fois un président noir à la tête de l‘état, bien avant qu’Obama soit élu ? De là à dire que cette série a influé sur le destin des USA, il n’y a vraiment pas loin. A partir d’éléments authentiques (le fantôme de Kissinger hantant la Maison Blanche, la surprotection du président et de sa famille, sa dévotion envers les pauvres…), le ton est néanmoins bien à la parodie. Soulcié jongle et caricature les clichés, confrontant l’image du républicain protectionniste, violent et raciste, incarnée par Jack et celle du démocrate cool et progressiste qu’évoque Barack. Le premier est la marionnette d’un colonel béret rouge patriote, tout droit sorti de Rambo, qui voit en Obama une menace pour son pays ; le second est assimilé à plusieurs reprises au messie (la cène, les miracles, la multiplication des pains, la transformation d’eau en… Tang !). Le dessin est vif, rapide et spontané, bref adapté à cette histoire parodique saupoudré d’humour.