L'histoire :
Le Quai d'Orsay au pays des Yankees : freinages, accélérations, volte-face, stress permanent, combat diplomatique, guerre des mots, langages, écritures, discours, réécriture de discours... le quotidien du ministre des Affaires étrangères, Taillard de Worms, ressemble à un sprint sans ligne d'arrivée. Un problème majeur l'occupe : le Lousdem est un pays accusé de fabriquer des armes de destruction massive, sauf que les preuves n'existent pas. Les Ricains veulent donc envoyer des experts au dit-pays pour vérifier et même y envoyer quelques soldats, histoire de faire le ménage. Mais sans le soutien de la communauté internationale, ça risque d'être chaud. Pendant ce temps, Taillard de Worms et Vlaminck débarquent à New-York pour assister à la conférence des Nations-Unies sur le Lousdem. Combat des mots, guerre des discours, il va falloir jouer des coudes et user d'une diplomatie serrée face à Jeffrey Cole, inflexible secrétaire d'Etat américain, car la marge de manœuvre est réduite. Oncle Sam veut intervenir militairement au Lousdem mais pas Taillard, qui devra convaincre pour faire adopter sa résolution. Chaque mot de discours sera pesé, sous-pesé, sous-sous-pesé... En français, les expressions « conséquences graves » et « graves conséquences » n'ont pas le même sens. Mais y'a pas d'équivalent en anglais, ce sera toujours « serious consequences ». Comment leur faire comprendre ? Un mot change et c'est la paix mondiale qui est menacée. Un vrai casse-tête chinois, doublé d'un labyrinthe diplomatique fait de jeux de cour et de coups fourrés... Rien ne peut donc arrêter Taillard, taillé pour mettre en pièce les gendarmes du monde, garantir la sécurité collective et sauvegarder un idéal...Les Lousdéménites n'ont qu'à bien se tenir, leur sort se joue à l'ONU ou au Quai d'Orsay, et c'est Taillard le Minotaure, véritable Goliath des joutes oratoires, qui a l'intention de jouer avec ses propres règles...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Hasard ou ironie des calendriers, la sortie du tome 2 de Quai d'Orsay coïncide avec la chaude actualité politique du désormais mythique Alexandre Taillard de Worms, super-héros des speech, touche-à-tout hyperactif, beau gosse diplomate, jogger infatigable... Étourdissant ! Quand fiction BD et politique brûlante se télescopent aux Nations-Unies, au Lousdem ou dans les ministères, cela donne une belle et désopilante chronique diplomatique... Double retour donc, celui du couple Taillard de Worms/Arthur Vlaminck, respectivement Ministre des Affaires étrangères et scribe officiel super stressé, et celui du talentueux binôme Lanzac/Blain, touché par la grâce. Toujours aussi drôle, renversant et jubilatoire, démultipliant les postures d'hommes pressés enfumés, fantasmant à peine des événements bien réels (le fameux discours de Villepin aux Nations-Unies en février 2003) jouant constamment l'excès pour affiner le portrait, ce tome 2 continue de nous plonger dans les arcanes du pouvoir où cohabitent guerre des mots, stress permanent et bouillonnement diplomatique. Côté scénar, on sent parfaitement le vécu d'un Lanzac presque traumatisé qui, avec distance, humour et finesse dissèque une fois de plus les (en)jeux des langages diplomatiques, dans un registre burlesque fascinant (voir la scène du « serious consequences », grandiose !). Pour ce type de sujet pas évident en BD, il fallait bien la patte graphique et moderne de Blain, jamais aussi à l'aise dans la mise en image de la vitesse, de l'urgence et du chaos. Il en ressort un ballet théâtral plein d'énergie, bluffant de maîtrise et d'efficacité, rythmé par les envolées physiques et lyriques de ces taureaux du verbe. Après le succès inattendu du premier tome (plus de 120 000 exemplaires vendus à ce jour), ce deuxième volet confirme tout le bien qu'on pensait de la série. Un grand diptyque, hilarant et subtil... Déjà culte !