L'histoire :
Sur un trottoir, Guy Delisle suit un plan sur un papier, qui le mène au portail d'une belle demeure d'Angoulême. Il y trouve Lewis Trondheim, qui fait le portier et le laisse entrer. Plus tard, c'est au tour de Sébastien Lumineaux (et ses microbes) de négocier son entrée dans le lupanar... Mais Trondheim se débrouille pour le refouler. En revanche, François Ayroles qui suit, déguisé « comme un con », est accueilli bras ouverts à l'intérieur par Ruppert et Mulot. Persuadé qu'il lui faut de l'argent pour « les filles » de la maison close, Lumineaux erre en ville à la recherche d'un distributeur de billets. Il en trouve un, sous lequel Kiloffer, tel un clochard, cuve son vin sous des journaux. Les deux auteurs se reconnaissent et se mettent à se battre, sans véritable raison. Plus frais que son adversaire, Lumineaux a le dernier mot et repart avec une pleine mallette de billets. Kiloffer lui pique néanmoins son portefeuille. Au lupanar, c'est au tour de Boulet de négocier son entrée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La maison close n'est pas une BD collective comme les autres. Jetez un oeil au casting d'auteurs pour vous en convaincre : ils sont 31 ! Le concept est original : lors de la 36e édition du festival d'Angoulême (janvier 2009), Ruppert et Mulot avaient conviés un aréopage d'auteurs, plutôt issus de la blogosphère ou de la nouvelle vague, à participer à une joute créative. Au sein d'une quantité restreinte de décors, toujours les mêmes, comme autant de tableaux d'une pièce de théâtre (un portail d'entrée, un salon, un bar, un distributeur de billets, un escalier d'accès, une chambre à coucher...), chacun a alors mis en scène son propre personnage et ses propres dialogues, pour improviser une histoire évidemment foldingue puisque non-construite. Le synopsis de départ est celui-même de l'expérimentation séquentielle qu'il emprunte : des auteurs se retrouvent dans un lupanar d'Angoulême pour une « orgie » (créative). Certains se défoulent littéralement, prenant au mot le prétexte de la débauche sexuelle (le climax est orgasmique, par Boulet). D'autres, avec un sacré poil dans la main, ont rusé en prenant le biais du minimaliste : François Olilaeger se dessine dans une boîte (plus facile) et le perso de Florence Cestac est assassinée en 2 dessins. Mettre de l'ordre dans tout cela, pour que ça donne l'impression de raconter tout de même quelque chose, a du être une sinécure ! Arbitres de cet exercice original, Ruppert et Mulot ont l'habitude : ils organisent régulièrement ce type de prestation sur leur site internet. Le résultat est léger, logiquement complètement décousu, mais assurément amusant...