L'histoire :
Danta tombe dans une rivière sortie de son lit. Alors qu'elle appelle à l'aide, trois bêtes affamées lui barrent la route : un loup, un lion et une panthère... Malgré tout, Danta, toujours en train de nager, réussit à régler un différend qui oppose les passagers d'une barque. Le second passager, une ombre fantomatique, accueille Danta à bord et lit avec étonnement des textes échappés de son habit :« L'eau profonde recèle de nombreux dangers. Avec ma barque, je suis chargée de faire passer les morts, mais ce sont des sauvages déments, des cannibales. Il y en a de plus en plus... Mon travail n'a aucun sens ! » C'est alors que Danta reconnaît en elle Virgilia, sa poétesse favorite. « Sœurs dans l'art », Virgilia lui propose donc un marché : elle assurera à Danta son retour au pays des vivants en échange d'un récit minutieux de tout ce qu'elle verra au cours de son périple...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si le livre de Dante Alighieri La Divine Comédie (XIVème siècle) est considéré comme un chef d'oeuvre de la littérature occidentale, rares sont pourtant ceux à l'avoir lu dans son intégralité. Et pour cause : d'une lecture difficile, cette plongée dans le triple royaume des morts (le Paradis, l'Enfer et le Purgatoire) suppose, par ses symboles et ses nombreuses références mythologiques, une culture érudite pour qui veut en saisir toutes les subtilités. Métaphore d'une purification ou d'un cheminement mystique qui ne visait pas autre chose que rendre les hommes meilleurs par la prise de conscience du sort qui les attend après la mort, le poème se veut à la fois parcours initiatique et projet d'éducation morale de la société médiévale. D'où une imagerie de l'Enfer qui fait la part-belle aux bêtes démoniaques, aux erreurs, tourments et vices des damnés. Hélas, l'auteur néerlandais Marcel Ruijters ne rend pas plus accessible l'oeuvre de Dante. La faute à la sécheresse narrative de l'ensemble, elle-même due à une synthèse excessive qui ne restitue que partiellement l'esprit du texte. En bas de page, le fil de l'histoire (ici des récitatifs plutôt ennuyeux) illustré par une fantaisie graphique aussi débridée que systématique. D'ailleurs, c'est bien le visuel qui convainc le plus : en noir et blanc, Ruijters se plaît à représenter des femmes plongées dans l'Enfer, des âmes damnées corrompues par le capitalisme naissant, des bêtes démoniaques, des suppliciés et, bien sûr, l'allégorie de la mort surfant sur le Styx. Avec une belle densité, à la limite de la saturation parfois. Intéressante a priori, cette adaptation ronflante laisse toutefois plutôt de marbre tant l'Enfer présenté ici paraît inoffensif. Mais elle devrait susciter la curiosité des connaisseurs.
