L'histoire :
Arrivée en retard à l’aéroport où elle doit prendre un vol pour Prague afin d’aller rejoindre son petit ami Hugo actuellement en échange étudiant Erasmus, Amilova enchaîne les ennuis : enregistrement des voyageurs qui prend un temps monstre, foule qui la ralentit, passage de sécurité blindé de monde, détecteur du portail qui sonne à son passage... et à chaque fois elle se fait en plus faire la morale par le personnel de l’aéroport ! Du coup, la jeune fille déconnecte de la réalité et rêve toute éveillée qu’elle crame tous ces gêneurs une bonne fois pour toutes ! Ces derniers temps, ce genre de vision lui arrive de plus en plus souvent et elle ne sait pas ce qu’il lui arrive : il faudrait qu’elle se calme un peu... Finalement, le vol est raté et le suivant l’amène à Prague en début de nuit. Evidemment, Hugo n’est pas là : un SMS la prévient qu’il a un travail à finir pour le lendemain et qu’elle peut le retrouver le soir venu dans un bar - et si elle pouvait amener des clopes en passant, ce serait pas plus mal ! Le moral déjà bien bas, Amilova prend le métro où le chanteur-mendiant de son wagon lui vrille les oreilles, et là voilà qui s’imagine encore en train de brûler tout le monde ! Décidément... Après avoir repris ses esprits, elle arrive enfin au bar mais le pire moment de sa journée l’attend : elle retrouve Hugo collé à plusieurs jeunes filles avec une attitude qui ne laisse que peu de place aux doutes. Il annonce alors à Amilova qu’elle n’aurait pas dû venir et qu’il faut qu’elle arrête de s’accrocher à lui, qu’il pensait qu’elle aurait compris toute seule que c’était fini... En pleurs et en colère, Amilova se voit encore une fois en train de balancer des torrents de flammes sur celui qui vient de lui briser le cœur. Sauf que, cette fois, il ne s’agit pas d’un rêve...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Amilova est à la fois le nom de cet ouvrage au croisement des genres européen et japonais, de l’héroïne de ce dernier et du portail de prépublication en ligne de bandes dessinées réalisées par des amateurs dans le but de peut-être se voir publier ; et ce portail a été créé entre autres par le scénariste d’Amilova, la boucle étant ainsi bouclée (vous suivez ?). On suit dans ce premier ouvrage une jeune fille partie de France (Amilova, donc), direction Prague, pour rejoindre son petit ami Hugo en échange étudiant Erasmus. Après un voyage éprouvant fait d’un avion raté, d’obstacles divers, de crises de nerf et de déconnection de la réalité (façon : « je m’imagine en train de brûler tous ces gens qui m’énervent »), la voilà qui découvre le jeune homme en pleine démonstration de testostérone au milieu d’un groupe d’étudiantes peu vêtues. Ce dernier lui annonce alors de manière spécialement ignoble qu’il l’a déjà larguée dans sa tête depuis un moment mais qu’il pensait qu’elle lâcherait l’affaire plutôt que de chercher à entretenir leur relation à distance. Et là, c’est le drame : les rêves d’ignition d’Amilova deviennent soudain réalité et, folle de rage, elle déverse un torrent de flammes sur celui qui vient juste de passer du statut d’amour de sa vie à celui d’ignoble ex-petit ami... Suite à cela, elle fait la connaissance d’une autre jeune fille dotée elle aussi de pouvoirs, en même temps qu’elle découvre que des gens traquent cette dernière pour la tuer et qu’elle ne va pas tarder à la rejoindre à son tour sur la liste des personnes à éliminer. Le scénario déploie pour le moment surtout de l’action dans une ambiance oscillant entre le sérieux de la situation d’Amilova et l’humour de certains passages ou dialogues (notamment via une pléthore de références directes à des séries TV et des mangas), mais le tout défile à un rythme un peu trop élevé - ou bien alors il aurait fallu un nombre de pages plus conséquent car la lecture passe beaucoup trop vite. Qui plus est, l’histoire se montre pour le moment super classique et l’ennui n’est évité que par le capital sympathie de l’héroïne dont la personnalité sauve pour le moment le titre d’un naufrage probable contre l’iceberg du déjà-vu si le bateau continue d’être mené sans surprise dans la direction ainsi empruntée. Le dessin a lui aussi encore un petit fond d’amateurisme mais n’est pour autant pas dénué de qualités. Le découpage est très varié et quelque fois même plutôt original, et on sent que la mise en scène visuelle a souvent été quelque peu réfléchie. On regrette par contre que les planches ne soient pas d’une qualité constante, le trait de l’auteur passant du juste bon au très moyen assez souvent, et le tramage n’est appliqué ni avec nuance ni subtilité (le meilleur exemple étant les sbires qui attaquent l’héroïne vers la fin du volume, ceux-ci se retrouvant être des grosses masses grises dont on ne distingue pas les détails, notamment concernant leur visage avec masque à gaz qui devient une tache noire). A part sur quelques planches, les décors ne sont pas non plus très présents, et comme les personnages deviennent du coup le centre graphique du titre, il est dommage de constater là encore plusieurs ratés (le pire étant la scène avec Hugo dans le bar, celui-ci étant tellement musclé de manière irréaliste qu’il n’y en a pas un seul dessin correct). Egalement, les perspectives et les plans de loin posent régulièrement des problèmes. Côté dialogues, on dénote une ou deux fautes d’orthographe et certains textes sonnent assez faux. Point positif, les lecteurs les plus conquis pourront retrouver l’ouvrage en lecture gratuite sur le site de l’éditeur (et qui plus est en différentes langues), les recueils payants comme le présent tome n’étant pas un passage obligatoire mais bien un plus pour les fans. Par contre, il est dommage de voir que la version reliée a perdu une page (sans importance heureusement) par rapport à la prépublication. Des débuts très moyens donc, mais également un peu de potentiel pour le moment assez peu exploité. Espérons que la suite prenne son envol.