L'histoire :
Il est 2h28 quand Hideo rentre enfin chez lui. Après une petite danse, il vérifie chacun des recoins de son appartement, puis l’assistant mangaka se met un plat à réchauffer au four micro-ondes. Il le déguste quelques minutes plus tard en regardant la télévision et en parlant à un personnage imaginaire. Une fois son repas terminé, il éteint la télé et allume la radio : on y annonce qu’une maison de repos a pris feu. Seulement, Hideo a un autre problème : à cause des histoires effrayantes que lui a racontées un collègue, il se met à voir des fantômes et s’inquiète de ne pas entendre de voitures dehors pour briser cette ambiance inquiétante qui le stresse. Du coup, il se raccroche à ce qu’il peut pour ne pas s’enfuir : il étale autour de lui au sol des manuels scolaires et des mangas réalistes, bref des items « rassurants », avant de s’agenouiller contre un mur avec un fusil à la main. Il est loin de se douter que, dehors, l’horreur est sur le point de commencer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On a déjà vu bon nombres de titres se zombies mais cette histoire est singulière aussi bien dans le héros qu’elle dépeint que dans son traitement global du scénario. En effet, Hideo, le personnage principal, est un loser visiblement très perturbé (il est névrosé et il a tellement peur du surnaturel qu’il s’imagine voir des fantômes la nuit), un mangaka raté et antipathique. Le portrait n’est vraiment pas glorieux et l’homme en question n’est de fait pas vraiment attachant de prime abord. Avec ce postulat décalé, on pourrait craindre le pire mais on est pourtant embarqué rapidement par le récit car des détails titillent notre curiosité : au second plan de la vie pathétique du héros, la grippe se répand de plus en plus, les cas de gens mordus par d’autres personnes augmentent... A l’instar du personnage, le récit est centré sur les problèmes personnels d’Hideo (incapacité à réaliser une histoire suffisamment intéressante pour être publiée en série, petite amie qui admire encore son ex, hallucinations...) et on a le droit à de nombreux monologues de sa part sur divers sujet (sa vie sentimentale, sa vision du manga, etc.), mais les quelques indices sur la catastrophe qui débute font doucement monter la pression et on trépigne à l’idée que les choses sérieuses vont bientôt commencer et que c’est cet hurluberlu qui sera alors au cœur du récit. Concernant les dessins, le résultat est sans équivoque : le rendu est aussi bien réaliste que de qualité. Non seulement les détails sont nombreux, mais en plus les décors et les personnages ont un aspect réel ce qui renforce l’immersion. Le tramage fait quant à lui preuve de variété et le découpage est assez dynamique (à défaut d’être original). Au final, on est un peu dérouté par ce premier volume où l’action ne commence pas encore et qui préfère se centrer à la place sur la vie quotidienne pathétique de son antihéros, mais on compte sur le deuxième (qui sort simultanément) pour nous plonger réellement dans l’histoire.