L'histoire :
Sakura est une lycéenne au passe-temps bien particulier : elle adore prendre en photos les choses les plus insolites, à tel point qu’elle possède déjà 999 clichés du genre. Elle est maintenant impatiente de pouvoir réaliser sa millième photo. Aussi, lorsqu’elle croise dans la rue un lycéen faisant 2 fois sa taille avec un regard perçant et une coupe de cheveux improbable, elle ne peut s’empêcher de prendre en photo cette montagne de muscles ! Pourtant, loin de s’énerver, le jeune homme lui sauve même la vie lorsqu’une grue de chantier au-dessus d’eux laisse tomber son chargement, mais Sakura pense au contraire qu’il a essayé de la tuer et s’enfuit. Plus tard, Akira retrouve la petite sœur de Sakura qui s’était perdue dans la rue et, lorsqu’un Yakuza déchire le dessin que la fillette tient à la main, il décime carrément le clan de ce dernier pour l’obliger à présenter ses excuses ! Et Sakura n’est pas au bout de ses surprises car, dès le lendemain, elle découvre qu’Akira est intégré dans son lycée. Mais surtout, le jeune homme prétend être venu ici pour lutter contre une organisation secrète dont le but est de faire s’affronter les hommes les plus forts de Tokyo, des « bancho » dirigeant chacun l’un des arrondissements de la ville, avant de faire du gagnant un leader qui prendra la tête du pays ! D’abord incrédule, Sakura va vite se rendre compte qu’Akira ne plaisante pas...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Kongoh bancho fait partie de ces shônen produits récemment par des auteurs de la nouvelle génération qui doivent composer avec un public en passe de se lasser un peu du genre, et qui sont donc obligés de le renouveler quelque peu, surtout lorsqu’il s’agit d’histoire de bastons de lycéens. Doté d’un fond super classique (le synopsis est simple : un lycéen bagarreur au grand cœur vient au secours des faibles et répare les injustices quel que soit le danger, tout en luttant contre une organisation secrète qui veut bouleverser le Japon par la force), l’histoire ne se prend pourtant pas à 100% au sérieux et assume complément sa relecture du genre avec une bonne dose de second degré. D’ailleurs, la présentation d’Akira dans le premier chapitre le montre clairement : parce qu’un yakusa a injustement déchiré le dessin d’une fillette, le jeune homme décime le clan entier de ce dernier en étant armé d’une voiture portée sur son épaule ! Et ce n’est que le début des surprises car, après quelques scènes de cet acabit, le vrai fond du scénario fait son apparition : au-delà de son côté redresseur de torts, Akira lutte surtout contre un projet secret du gouvernement visant à créer un leader fort et charismatique destiné à prendre la tête du pays ! Pour ce faire, chaque quartier de la capitale se voit attribué à un « bancho », un homme qui aura su en prendre le contrôle d’une manière ou d’une autre, et chacun d’eux doit ensuite affronter les autres : le dernier restant sera l’élu qui sera alors porté officiellement à la tête de la capitale, puis du pays... Là encore, si le scénario se montre relativement improbable, ce n’est pas ça qui l’empêche de se montrer prenant, d’autant plus que l’auteur n’y va pas par quatre chemins et qu’après l’introduction, les choses avances finalement rapidement. Qui plus est, le vrai thème du manga n’est pas là : à travers toute cette démesure et ce synopsis seulement à moitié sérieux, le mangaka semble vouloir passer discrètement un message. Comme beaucoup de mangas ces dernières années l’auteur dénonce quelque peu la dérive du Japon (perte des valeurs, société qui écrase les individus...) et, si l’organisation des « méchants » qu’il met en scène cherche à changer cela de manière radicale par la force, l’auteur y oppose un héros dont les valeurs de base sont l’amour, le courage, le don de soi... Bref, plus que de simplement changer la société elle-même, c’est d’abord à l’individu de devenir plus grand... Tout en restant dans un esprit shônen classique donc, cet étrange cocktail apporte à la fois son lot de réflexion caché derrière une bonne couche de dérision par rapport aux classiques du genre. D’ailleurs, tout comme dans l’esprit, il y a du Hokuto no Ken dans les graphismes également, avec des gros plans exagérés à l’extrême lorsqu’un coup de poing est donné, ou encore des géants si grands qu’ils tiendraient tête à Godzilla ! Avec des personnages aux traits un peu retro mais des planches qui sont résolument récentes, le trait de l’auteur a un style à la fois un peu passe-partout mais qui a tout de même une personnalité propre. En résumé, ce premier tome, malgré ce qu’on pourrait craindre, étonne finalement pas mal et il nous tarde donc de lire le prochain pour voir si le titre continue sur cette très bonne lancée. Et comme ce premier volet est sorti en simultané avec le second, on pourra donc voir rapidement si ces possibilités se confirment.