L'histoire :
Roy est inspecteur de Scotland Yard. Il entretient une relation avec Susan dont le mari est mort récemment. Comme c’est la belle-mère de Susan qui a l’argent de l’héritage, la jeune femme est obligée de subir les mauvais traitements de sa marâtre et de cacher sa nouvelle relation. Ce matin, Roy doit se rendre sur le lieu d’un meurtre dont il ne fait aucun doute que c’est l’œuvre de Jack l’éventreur, l’assassin qui rôde la nuit dans Londres et mutile des prostituées du quartier de White Chapel. La journée commence ainsi bien mal pour Roy car, non seulement il n’y a aucun indice sur les lieux, mais en plus le seul témoin du meurtre est un toxicomane qui a apparemment sombré dans la folie. Un peu plus tard, Roy et son partenaire se font sévèrement réprimander par leur chef qui les menace de les virer s’ils ne trouvent pas rapidement d’informations fiables sur l’identité de Jack l’éventreur. Après cela, Roy reçoit un appel et file en urgence chez Susan : cette dernière vient de tuer sa belle-mère par accident et demande à son amant de l’aider. Roy a alors une idée : il va faire passer la mort de la belle-mère pour l’œuvre de Jack l’éventreur. Décidément, c’est une bien mauvaise journée pour Roy...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
S’inspirer de Jack l’éventreur pour établir son scénario pourrait paraître moyennement original et on s’attendait donc de prime abord à lire une version assez classique de la légende. Pourtant, dès le premier chapitre, on note des différences notables avec la vraie histoire : ici, Susan est une veuve sous la coupe d’une belle-mère cinglée et elle entretient une liaison avec Roy, un inspecteur de police chargé d’enquêter sur les meurtres de Jack l’éventreur. Dès le début, l’intrigue se pose comme un thriller réaliste puisque, Susan ayant tué sa belle-mère par accident, Roy décide de faire passer cette mort pour un meurtre de Jack l’éventreur. On suit ensuite l’histoire de ce policier qui sombre peu à peu dans les ténèbres, et l’assassin qui arpente les rues de Londres semble quelque peu oublié. La narration est soignée et, même si cela manque un peu de piment, l’ensemble se lit plutôt bien. Cependant, tout bascule dans la deuxième moitié lorsqu’on découvre que les prostituées assassinées sont en fait des monstres ! Et ce n’est pas tout : Jack l’éventreur est en réalité un justicier et Sherlock Holmes fait son apparition ! Ce virage de genre peut paraître déstabilisant ou incongru, mais ce n’est heureusement pas le cas : force est de constater que ces révélations s’intègrent bien au récit et attisent notre curiosité quant au chemin que va bien pouvoir prendre l’histoire. Graphiquement, on est à la croisée de Jackals et La mosca, tant au niveau des traits que des personnages. Ceux-ci sont assez charismatiques et expressifs (mais on regrette que leurs grimaces soient aussi déformantes) et leurs tenues sont détaillées. Les décors sont également présents (qu’il s’agisse des rues Londres ou de l’intérieur des bâtiments), le tramage fait preuve de variété et la mise en scène est particulièrement soignée (certains cadrages étant très travaillés). Voilà donc un premier volume surprenant qui attise la curiosité et donne envie d’en lire plus.
