L'histoire :
Shion est une petite fille de quatre ans dont le couple voisin, les Yasuoka, s’occupe régulièrement : la femme lui donne des leçons de piano tandis que l’homme l’initie au shôgi, jeu pour lequel elle présente déjà du talent. Seulement, la vie de la petite est brisée quand ses parents sont sauvagement assassinés, apparemment par un joueur de shôgi puisqu’un shôgiban (le plateau de jeu du shôgi) a été retrouvé avec les pièces soigneusement placées sur les lieu du crime. Adoptée par les Yasuoka, Shion s’enferme alors dans le mutisme et, sept ans plus tard, la demoiselle est toujours muette et ne communique plus qu’en écrivant sur un carnet qui ne la quitte jamais. Si elle ne suit plus de cours de piano depuis un moment, Shion s’est néanmoins inscrite à la fédération de shôgi et participe aujourd’hui à un tournoi féminin pour devenir professionnelle. Hélas, malgré son talent, Shion perd en finale contre une certaine Ayumi : pour la première fois de sa vie, elle connaît l’échec. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que son adversaire n’a pas été honnête puisqu’il s’agit en fait d’un garçon travesti. Cependant, Shion ne désespère pas pour autant et, à douze ans, lors du tournoi suivant, elle devient donc professionnelle de shôgi mais cela va lui attirer des ennuis : lettres de menaces, tentative d’agression... Serait-ce le tueur de ses parents qui a refait surface dans sa vie ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le mélange du shôgi (sorte de jeu d’échec japonais) et de thriller présenté dans le synopsis a du quoi intriguer et attiser la curiosité. Soyons clairs : ici, il ne s’agit pas réellement d’apprendre à jouer au shôgi car les parties sont rapidement expédiées et cela tombe bien pour le néophyte qui n’y comprendra de toute façon pas grand-chose. Cela est par contre un peu dommage car, si chaque chapitre nous détaille pourquoi untel a gagné, les explications sur les règles du jeu sont situées en fin de volume et, avouons-le, pas forcément évidentes à appréhender. Néanmoins, cela ne gêne pas trop la lecture qui nous présente surtout les personnages et installe un contexte dangereux dans lequel ils évoluent. En effet, Shion a été témoin du meurtre de ses parents et en reste traumatisée, et il apparaît rapidement que quelqu’un la surveille (stalker ou meurtrier de ses parents, le mystère est encore total) : un climat de malaise plane donc sur le récit et on est curieux de voir comment tout cela va prendre forme par la suite. Si Shion est immédiatement attachante, on reste dubitatif sur le comportement de certains protagonistes, surtout Ayumi qui se travestit pour jouer dans la ligue féminine : le sous-entendu selon lequel les femmes seraient moins intelligentes que les hommes n’est pas du meilleur effet ! Question graphismes, les 6 premières pages en couleur font plaisir à voir et accentuent l’intensité du drame vécu par Shion. La qualité globale est correcte, tant dans la mise en scène que le découpage, mais on note que le soin varie d’une case à l’autre. Ainsi, si les personnages sont tous expressifs et relativement charismatiques, leurs traits alternent un aspect lisse et propre à un côté parfois grossier et trop appuyé sans qu’il y ait forcément de raison artistique pour justifier ce changement graphique. Cependant, cela reste plaisant et on note également que les décors ne sont pas négligés. En tous cas, ce premier volume remplit son office puisqu’on a envie de lire la suite.