L'histoire :
Au cœur du royaume de Mitragaina, le clan Cantarela produit des « princesses poison » au service des dirigeants. Encore bébé, ces orphelines sont élevées et instruites tandis que leur corps est transformé en piège mortel. On leur fait en effet absorber de petites doses de poison à tous les repas jusqu’à ce que leur organisme devienne toxique pour quiconque les toucherait. Celles qui survivent au processus deviennent de belles jeunes femmes que Mitragaina envoie ensuite aux monarques des royaumes voisins afin de les assassiner en fonction des besoins politiques et commerciaux du pays. C’est aujourd’hui le tour de Belladonna, envoyée sur ordre de la reine comme courtisane à la cour du roi de Carabas. Grâce à sa beauté, celle-ci devient immédiatement la favorite du souverain, mais l’esclave gouteur de la reine de Mitragaina, amoureux de Belladonna, l’a suivie et lui propose un soir de s’enfuir avec lui. Sachant cet amour voué à l’échec - son corps létal n’est pas fait pour aimer, la jeune femme refuse et continue sa mission. Le lendemain, l’esclave qui a été découvert à la fenêtre de la courtisane est arrêté mais, pour la sauver, il prétend ne pas la connaître. Belladonna, touchée par son sacrifice, décide alors de s’enfuir après avoir empoisonné le roi au lieu de se suicider comme prévu... A Mitragaina, Lycoris apprend qu’une princesse poison a tenté d’échapper à son destin mais a été rattrapée par le clan Cantarela. Celle-ci va donc être brûlée vive, et comme le veut la tradition, c’est une autre princesse qui doit allumer le bûcher. Effondrée, Lycoris découvre qu’elle doit mettre fin à la vie de sa grande sœur Belladonna alors que cette dernière a toujours été à ses côtés depuis l’enfance pour la soutenir. Après cela, Lycoris apprend qu’elle vient d’être désignée pour assassiner le roi du Clandol, un pays puissant qui maintient une paix mauvaise pour le commerce de poison de Mitragaina. Comme cela est spécialement important, la reine la menace de tuer toutes ses petites sœurs si Lycoris faillit à sa mission. La jeune fille arrivera-t-elle à faire face à son destin ou tentera-t-elle de s’y soustraire comme Belladonna ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Composé de deux parties, ce volume commence tout d’abord par nous présenter le background de l’histoire à travers celle d’une première héroïne, Belladonna, avant d’enchaîner sur le récit des aventures d’une seconde jeune fille, Lycoris. Dans le petit royaume de Mitragaina, le poison est une spécialité. En secret, la reine y fait élever quelques orphelines destinées à devenir des « princesses poison », dont la mithridatisation depuis qu’elles sont bébés fait de leur corps - pour celles qui survivent au processus - un piège redoutable : une seule larme, une goutte de sang, de sueur, un simple contact avec la peau ou un baiser leur suffisent à empoisonner mortellement n’importe quelle créature. Le rôle de chacune d’elles est d’être un jour envoyée comme « cadeau » à un monarque voisin afin de servir les ambitions politiques et commerciales des dirigeants de Mitragaina, pour qui la guerre est une source de profits : assassiner et mourir en ne laissant ainsi aucune preuve, tel est le destin des princesses poison. Le thème est original et traité de manière plutôt crue et réaliste, ce qui fait que cette série est à réserver à un public averti : bébé empoisonné, défloration forcée, viol à coup de serpent (si, si !) et un peu de sang sont au programme. Après l’histoire tragique de Belladonna, la « grande sœur » de Lycoris, dont le destin fût plus ou moins identique à celui des 93 princesses poison élevées avant elle à travers les âges, la trame principale commence lorsque Lycoris est à son tour appelée à sacrifier sa vie en assassinant le souverain d’un royaume voisin. Mais la jeune fille va finalement connaître une histoire plus complexe que prévue en étant plongée dans les intrigues politiques des trois princes du royaume, plus prudents qu’elle ne s’y attendait... Le trait à l’esthétique gothique de l’auteur sied à merveille au scénario. Fournies et travaillées, les planches sont généralement agréables et bien construites, certaines offrant même de magnifiques visuels. Pourtant, le tramage manque souvent de variations, certaines cases ne sont pas évidentes à comprendre du premier coup d’œil, et la narration graphique souffre aussi parfois d’un petit manque de fluidité, souvent couplé à des passages où le scénario est un peu maladroit. Mais dans l’ensemble, l’histoire est prenante, l’ambiance tragique, et l’envie de connaître la suite présente. L’édition française, si elle propose quelque bonus bienvenus comme des pages couleurs ou un marque-page, est par contre d’une qualité médiocre, surtout en ce qui concerne l’impression qui laisse beaucoup à désirer : mauvais papier (ou alors pas adapté à la méthode d’impression : le rendu sur les aplats de noir est horrible, ces derniers se retrouvant peluchés de blanc), et surtout très mauvaise impression (toutes les pages sont floues et pixélisées, même le marque-page). Si on rajoute à cela quelques problèmes avec les textes, on a l’impression d’être revenu au niveau semi-amateur de certains éditeurs d’il y a plus de 10 ans ! Une bonne histoire donc, mais desservie par une édition française plutôt mauvaise qui empêche de profiter pleinement du travail de l’auteur.