L'histoire :
Sur un champ de bataille encore fumant, un petit robot nommé Rip-R est à la recherche d'un module vocal pour son ami robot War-Hol. Secondé par Snoop-I, ils fouillent à travers les diverses carcasses de machines détruites ou en panne. Rip-R s'interroge sur sa condition de robot. Lui qui a été conçu comme mécanicien est étonné de voir que War-Hol, qui est sensé être un robot guerrier, a préféré s'enfuir plutôt que de combattre. Cela est encore plus étonnant, car même Snoop-I connaît son but : porter des charges lourdes. Alors qu'ils échangent sur le sujet, un Scavenger-Bot, un robot géant gardien de champs de bataille, apparaît. Tous trois tentent de fuir ou de se cacher, mais le traqueur les retrouve. Le Scavenger-Bot s'en prend alors à War-Hol et le saisit. Alors que ce dernier s'apprête à être détruit, une énorme décharge électrique émane de lui. La menace détruite, de la fumée sort de l'intérieur de War-Hol. Une seconde plus tard, un bébé humain en sort...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quelques semaines après la conclusion de The Grocery, le scénariste Aurélien Ducoudray sort une nouvelle série chez les éditions Ankama. Cette fois, il se frotte au registre de la science-fiction avec Bots, dont le récit s'étalera sur trois tomes. Nous y découvrons une planète entièrement ravagée par les guerres entre des robots. L'histoire se focalise sur trois d'entre eux, le jour où ils découvrent un bébé humain, un petit être bizarre dont ils ne savent absolument rien. Commence alors une quête dynamique qui permet à Ducoudray de donner à ses machines de fer et de boulons une palette d'émotions étonnamment proches des humains, même si certaines de leurs réactions sont régies par une structure sociologique mécanique et codée. Par le biais de flashbacks bien amenés, nous en apprenons plus sur Rip-R et sa condition de mécanicien, alors qu'il rêvait de devenir pilote de fusée. Nous faisons aussi connaissance avec War-Hol, le robot guerrier pacifique, et avec Snoop-I, le robot porteur aux allures de chien. Ces drôles de petites machines sont profondément humaines, peut-être même plus par instant. Jouant avec les codes du genre, Ducoudray manipule les théories d'Isaac Asimov, de Philip K. Dick et consort. Ce premier album bénéficie aussi de nombreux clins d'œil aux comics, comme la présence d'une version robotisée de Captain America et de Bucky ou d'une machine ressemblant fortement au Rusty de Geof Darrow et de Frank Miller. L'influence de la bande dessinée américaine est très présente également dans la narration en elle-même, avec un découpage constitué de grandes cases. L'humour pullule et confirme les qualités d'un récit qui nous captive dès les premières pages. Aux crayons, Steve Baker nous subjugue avec son chara-design efficace et l'aspect mignon de ses robots. Ils ont un petit côté rétro, assez jouissif, et évoqueront parfois le jeu vidéo Ratchet & Clank. Les clins d’œil glissés ici et là sont irrésistibles, que ce soit la présence de Bender (du dessin animé Futurama) ou encore de fausses publicités (Casrol pour Castrol par exemple). Il y a même une petite touche Matrix sur la fin. Si l'on ne devait émettre qu'un léger bémol, cela concernerait le fond de certaines cases, un peu vides. Cette mise en bouche assure son lot de saveurs et de plaisirs aux lecteurs avec un univers original, un récit bien construit et un visuel des plus plaisants. Pour les premiers mois de commercialisation, l'album est en plus à petit prix. Un conseil pour finir : emmenez toujours une dévisseuse avec vous, on ne sait jamais !
