L'histoire :
Jâ Benal vient d'être jugé responsable d'une explosion qui aurait coûté la vie à 40.000 personnes. Cet ingénieur est donc exilé sur la Lune, endroit où tous les parias sont envoyés. Or la vérité est toute autre, puisque Jâ est en fait un espion du gouvernement terrien missionné pour observer d'éventuels débordements au sein de la communauté lunaire. Cette dernière se compose de scientifiques ayant développé la base et l'atmosphère, mais aussi de prisonniers. L'alunissage ne se déroule pas très bien pour Jâ, qui se retrouve à des centaines de kilomètres de profondeur sous la croûte lunaire. Là-bas, des créatures essaient de l'attraper pour le dévorer... Mais après 8 jours, le terrien retrouve la surface. Il est accueilli par un comité d'élus et de scientifiques qui constatent que la jambe de Jâ se fait dévorer par la maladie verte, un mal qui pourrait le tuer. Grâce à une méthode étonnante, le terrien est sauvé. Un logement et une femme esclave lui sont fournis. Jâ s'étonne de la condition de cette dernière. Il comprend très vite que sa couverture est grillée par les élus de la Lune, qui cherchent à le manipuler...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Ankama et Comix Buro poursuivent leur collaboration avec l'adaptation du premier roman écrit par Stefan Wul. Retour à zéro se déroule sur la Lune. En cette ère, l'astre est devenu l'endroit où scientifiques et prisonniers se côtoient en paix, loin d'une planète Terre qui considère la paix lunaire d'un mauvais œil. Un espion est envoyé sur place pour vérifier ce qui se trame sur le satellite de la planète bleue. Au scénario, Thierry Smolderen adapte délicieusement l'histoire originale de Wul, en retraçant les étapes fortes du parcours de Jâ Bernal, de ses péripéties dans les profondeurs de la Lune à la lutte contre l’ancêtre. Bien sûr, l'auteur n'omet pas la fameuse scène où des scientifiques réduisent leur taille pour inspecter le corps de Jâ et détruire la maladie verte. Ce passage rappellera aux cinéphiles Le voyage fantastique ou L'aventure intérieure. Comme toujours avec Stefan Wul, on retrouve un background assez fort avec, ici, la position inférieure des femmes, objets de désirs et à tout faire. Une dénonciation en règle de certains critères machistes encore en cours chez des mâles peu évolués. La cinquantaine de pages se lit d'une traite et malgré quelques petits et rares coups de mou, on ressort ravi de ce one-shot. Il faut dire que Laurent Bourlaud réussit aussi une prouesse graphique avec un style atypique rendant un bel hommage aux ambiances « pulp ». Retour à zéro est une belle transposition dans le 9ème art d'une œuvre dont les thématiques restent toujours aussi modernes et malheureusement parfois d'actualité.