L'histoire :
Le cochon a les oreilles qui pendent tellement devant sa tête, qu'il avance souvent à l'aveuglette. Pour lui éviter de s'aplatir le groin en se cognant contre les murs ou les arbres, le fermier – un taureau à salopette rouge – lui découpe deux petits trous en face des yeux. Dans le même esprit, le fermier s'aperçoit que le long ventre du teckel pendouille tellement, qu'il s'érode en frottant contre le sol. Il procède donc à une opération de bon sens en lui saucissonnant un tronçon d'un mètre, et en recousant ensuite le train-arrière au torse. Le gorille, quant à lui, s'éprend de karaté : il essaie à moult reprises de trancher un rondin de bois à l'aide de sa main, une pratique qui se solde systématiquement par différentes déconvenues. Et tandis que les lapins refusent de jouer à saute-mouton avec le porc-épic, tandis que les fourmis jouent à la corde à sauter avec la langue du tapir, tandis que la chauve-souris se sert de ses ailes comme d'un tippi pour se protéger des averses, tandis que le fermier se sert des tentacules du poulpe pour pêcher à la ligne 8 fois plus de poissons, l'étoile de mer voit 5 congénères lui tourner autour après s'être pris une noix de coco sur le corps...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il est plus difficile de renouveler les arguments permettant de qualifier la série animalière Môeuh, que ses auteurs n'ont de peine à en imaginer des strips. En deux, trois, parfois quatre cases, le scénariste Thijs Whilms trouve encore et toujours des idées astucieuses pour détourner les attributs propres à la diversité animale terrienne. Pour se faciliter la tâche, il ne cherche pas vraiment à respecter l'équilibre naturel et mélange allègrement les espèces, même les plus improbables. Ainsi le lion côtoie t-il le cochon, et le berger allemand l'hippopotame. Animaux familiers (teckels, chats, vaches, perruches...) s'alternent aux espèces tropicales (gorille, boa, autruche, éléphant, kangourou...), pourvu qu'il soit possible d'en associer des caractéristiques physiques dans un sens complémentaire. C'est assurément plus cocasse et astucieux que réellement rigolo, mais certains gags ne manqueront pas de vous faire vous esclaffer. Le scénariste n'hésite pourtant pas à trancher, sectionner, transpercer, écraser ses bestioles, sans que cela ne s'assimile jamais à de la torture. Le dessinateur Wil Raymakers, jadis directeur artistique du dessin animé Le roi Léo, n'a pas son pareil pour faire passer la pilule, avec le sourire. La souffrance est remplacée par de l'étonnement, ainsi on peut couper les oreilles du chimpanzé ou trancher l'abdomen du teckel. La diversité des animaux, leur formidable expressivité semi-réaliste, sont les atouts indéniables de ce qui se fait de plus réussi dans ce genre d'exercice. Et en plus à pas cher : ce tome 3 ne coûte que 5 euros...
