L'histoire :
Les souvenirs incroyablement précis d'Alexandra David-Néel conduisent Madeleine en 1924, lorsque l'exploratrice fut la première femme occidentale à entrer dans la ville tibétaine de Lhassa. Un périple plein de force et de ruse, au cours duquel elle prit les allures d'une mendiante accompagnée de son fils. A la grande surprise de la secrétaire personnelle, la vieille femme décide de revenir sur sa rencontre avec Philippe Néel de Saint Sauveur, un homme qui lui fit la cour dans les années 1900 lorsqu'elle gagnait sa vie comme cantatrice à Tunis, et devint son mari. Très vite les deux mariés avaient compris qu'ils avaient chacun besoin de liberté, à leur manière toute différente. Si bien que lorsque la jeune femme prit la route pour l'Asie, Philippe vécut sa vie lui aussi en toute indépendance. Dans la villa de Digne, Alexandra David-Néel approche des cent ans, conscient de vivre ses derniers moments. Elle accepte alors les demandes de rencontres de journalistes et de notables locaux, tout en formulant le rêve fou de traverser l'Europe en voiture, assise à côté de Madeleine qui conduirait.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce deuxième tome est le prolongement tout naturel du précédent, reprenant la chronologie des voyages d'Alexandra David Néel aux portes de Lhassa. Madeleine Peyronnet continue d'être un personnage tout aussi central que sa vieille patronne, mais la force de son admiration semble prendre une nouvelle dimension à mesure que l'exploratrice approche de ses derniers jours. L'aventure devient petit à petit celle d'une femme sans contrainte qui ne s'arrête jamais de vivre, d'étudier, de parler, même lorsqu'elle comprend que son prochain voyage n'aura jamais lieu. Et Madeleine lui apporte tout le soutien nécessaire, lui tient tête lorsqu'elle est insupportable tout en la servant sans faille. Dès les premières pages on sent que l'auteur nous emmène tout doucement vers cette fin de vie que l'on imagine paisible et dont on se demande comment elle va survenir. Les rencontres qui émaillent l'album, qu'elles remontent aux souvenirs de David-Néel ou aux visiteurs de sa Samten Dzong sur les hauteurs de Digne, sont autant d'occasion de découvrir de nouveaux traits de son caractère. Le tout est raconté avec un joli mélange de bienveillance et d'admiration, rendu plus léger encore par le trait semi réaliste de Fred Campoy et Mathieu Blanchot. L'héroïne a des traits marqués dont les auteurs atténuent l'effet réel de l'âge, car la bougresse a vécu centenaire. Ce fut en tout cas une jolie balade aux côtés d'une personnalité marquante du siècle dernier, et de la secrétaire personnelle admirative et fière qui lui tint compagnie et lui tint tête pendant plus de dix ans.