L'histoire :
Una vit dans Le Yorkshire dans les années 70. Elle a dix ans quand un garçon abuse d’elle pour la première fois. A la même époque, la région est troublée par une série de meurtres de femmes par celui que l’on nomme « l’éventreur du Yorkshire ». Una grandit donc dans un monde où les violences la touchent dans sa vie privée comme dans la société sans que personne autour d’elle ne s’inquiète de ce qui lui arrive. Una ne peut pas mettre de mots sur ce qu’elle vit et revit à plusieurs reprises, car elle ne le comprend pas consciemment. Elle intériorise les agressions sexuelles puis sociales, vit terrorisée, angoissée, dort avec des ciseaux sous son oreiller, sans qu’aucun thérapeute ne lui apporte un quelconque réconfort. La société, structurellement sexiste elle-même, est sourde aux indices laissés par le tueur de dizaine de femmes durant les six ans de l’enquête résolue de manière fortuite. Una mettra du temps à comprendre, trouver les mots, exorciser son histoire et apprendre à vivre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce témoignage graphique n’est pas seulement une autobiographie de la vie de l’auteure, car il croise le récit intime avec celui d’une époque, où certes, le féminisme se développe, mais où surtout subsistent de nombreux modes de fonctionnement qui conditionnent le sort des femmes. Le parallèle des violences faites à Una avec celles infligées par l’éventreur du Yorkshire est subtil, imbriqué et permet d’éclairer le système sociétal dans son ensemble. Una ne se pose pas en victime, elle essaie de comprendre pourquoi et comment elle a pu se trouver prisonnière des hommes, des autres puis d’elle-même. Elle réalise cette introspection avec une variété graphique et des expérimentations où les dessins peuvent être abstraits et symboliques ou au contraire enfantins et poétiques, le texte s’intégrant parfois au dessin. L’auteure elle-même parle d’une sorte de tapisserie au travail intérieur libérateur et pense que la société a évolué en 40 ans… Cette bande dessinée a été réalisée avant l’affaire #meeto, elle l’éclaire terriblement.