L'histoire :
Avançant à travers un paysage tourmenté par les monstres des tableaux de Jérôme Bosch, Adam est en colère. Eve a bouffé le serpent, parce qu’elle avait faim. Et la pomme avec, bien entendu, en guise d’accompagnement. Du coup, c’est sûr, ça va être le bordel. Mais vu les créatures qui peuplent soudain son environnement, Eve n’a pas trop de scrupule : elle pense qu’ils vont désormais bien s’amuser…
Les sordides personnages des tableaux de James Ensor se rebellent à l’encontre de l’homme qui les regarde. Il récolte une baffe aller-retour avec un poisson, puis un garçon de brasserie lui tranche la tête avec un couteau et la sert à la table n°12, où deux clients lui vomissent dessus…
Le romancier William S. Burroughs est occupé à la table d’un restaurant à pulvériser un gaz anti-mouche. Le cinéaste David Cronenberg s’installe face à lui, le script du Festin nu sous le bras (le roman de Burroughs qu’il a adapté au cinéma). Il chope la mouche d’un geste de la main. Aussitôt, le cinéaste se transforme, dans un bourdonnement inquiétant, en homme-mouche. Se sentant menacé, Burroughs sort un flingue, mais Cronenberg toujours en mutation organique l’absorbe dans sa main…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers cet ouvrage collectif, l’éditeur Café Creed a recueilli les travaux de plusieurs artistes évoluant dans le 9ème art « indé » ou « underground », chacun ayant la charge de réaliser une bande dessinée de 4 pages autour de la figure du « monstre dans l’Art ». Vaste sujet ! Les optiques étant aussi libres que peut l’être l’Art, on tombe ainsi sur tout et n’importe quoi, des démarches astucieuses et d’autres franchement imbitables. Certains exercices empruntent sagement les canons de la BD grand-public, d’autres ont l’audace de s’inscrire dans le registre du contemporain inextricable, s’inspirant des œuvres qu’ils abordent… Quand l’Art parle d’Art, l’objectif n’est certes pas d’astreindre. Toutefois, pour être éloquent, cet ouvrage réclame du lecteur un minimum de connaissance des grands maîtres qui y sont parodiés… et c’est là sa grande limite : peu accessible. L’éditeur a tout de même pris soin d’éviter les doublons : chaque auteur de BD aborde un artiste différent, qui s’est distingué en focalisant sur un monstre particulier. Ainsi Anne Simon évoque Jérôme Bosch, Laureline Mattiusi parle de James Ensor, Nicolas Gazeau focalise sur Cronenberg et Burroughs, ou Benoît Preteseille aborde en un prisme étonnant et décalé l’œuvre de Pierre Culliford, plus connu sous le nom de Peyo… Un cahier final retrace une courte biographie de chacun de ces « monstres » spécialisés en « monstres ».