L'histoire :
Ralfi, Amanda et Adrian se préparent pour un bal costumé. Avant cela, les deux garçons sont allés se recueillir sur la tombe de leur mère disparue. Une manière de se revigorer avant d'affronter le monde des adultes. Tandis qu'Adrian est obnubilé par l'amélioration de ses talents de ventriloque, son frère Ralfi s'identifie à sa mère décédée, en voulant s'habiller comme une danseuse. Un peu perdus et marqués par des drames familiaux, ils vont devoir se réinventer, notamment à travers leurs rêves, exutoire de leur chagrin et de leurs espoirs, de leurs doutes et fragilités. Le rêve leur permettant d'ailleurs de rendre présent celui qui est absent : un père, une mère, une famille... Ennui, solitude mais aussi discussions sur le sens de l'existence vont scander les journées de ces enfants. Entre disputes ordinaires et jeux fantasques, où les uns se déguisent et les autres se révèlent, reste un univers complexe de sentiments et de sensations, nourri par un imaginaire fantasmagorique plein de poésie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture de Chair de ma chair annonce la couleur d'une BD ambitieuse : deux enfants se tenant par la main, dos à dos, au cœur d'un jardin. Bien sûr, impossible de ne pas penser au jardin d’Éden, bulle protectrice et symbole du paradis, l'enfance étant ici refuge d'innocence et de spontanéité. Avant d'entrer dans le monde des adultes, dans un état antérieur à la faute, Ralfi, Amanda et Adrian s'interrogent, se chamaillent, se promettent et jouent : dans le jeu, les je peuvent s'exprimer et se construire, le jeu étant symboliquement une lutte, contre la mort (voir le portrait de la mère qui hante les enfants, tel un fantôme insistant) et contre soi-même (fragilité, doutes, incertitudes révélés par le contact avec l'autre). Vous l'aurez compris, Chair de ma chair est davantage une BD d'ambiance, déclinant un univers personnel de l'enfance à travers la mise en image de rêves et de fantasmes, par opposition au monde des adultes. Dans ce contexte aérien, Lola Lorente privilégie un trait libre et virevoltant, qui s'affranchit parfois du gaufrier pour mieux y retourner ensuite, le tout habillé d'un noir et blanc sobre. Allers-retours entre rêves et réalité, tensions entre territoires de l'enfance et monde des adultes sont rythmés par la lenteur d'une BD à la douceur enfantine, où la fleur se fait image des vertus de l'âme. Un joli petit conte onirique sur la construction identitaire et l'imaginaire qui lui donne corps.
