L'histoire :
Qui fera le petit reportage TV de fin de JT, qui sent bon la France profonde et parle à tout le monde ? Une petite équipe part sur les routes de France à la rencontre des villes et des gens qui les peuplent. Une ambition : la volonté d'apporter un regard nouveau sur la France, loin des clichés, et par de courts reportages, montrer comment l'espace façonne le comportement et l'esprit des gens. Le festival de Cannes sans star et sans films, les moules de Lille pendant la braderie, le Mont Saint Michel et son identité discutée, autant de situations cocasses à l'origine de territoires singuliers. Seulement voilà, la petite équipe formée d'un journaliste, d'un preneur de son et d'une cameraman n'a pas le budget (petit) de ses ambitions (immenses). Lors d'interviews improbables, la fine équipe rencontrera des banlieusards, des bobos et des intellos à Belleville, au bas de la dune du Pyla ou en plein cœur d'un océan de moules. Et en guise de parenthèses enchantées, les célèbres restoroutes pleins de poésie bucolique. Mais attention, pour cette petite équipe téméraire, pas de racolage et pas de « régionalisme », que du reportage de fond... C'est Sylvain Pignolas le producteur.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la lignée de sa précédente BD, Les Plans de la Ville (Cambourakis), Adrien Fournier poursuit son travail de psychogéographie en fin observateur des habitus. Dans ce road-TV (prononcez Tivi !) cocasse jamais dénué d'ironie mordante, l'auteur prend un malin plaisir à dresser le portrait de la France, sur le mode Jean-Pierre Pernaud, la finesse et la drôlerie en plus, l'ennui en moins. En anthropologue des quartiers un brin cynique, Fournier parvient à capter avec subtilité cette petite chose qui définit nos régions, à travers quelques moments de bravoure assez enlevés : les fameux tas de moules pendant la braderie de Lille, instrumentalisés par une certaine Martine A. et objets de compétition acharnée entre les bradeux, un débat sans fin sur la localisation exacte du Mont Saint Michel (même si tous les Normands savent que c'est en Normandie !), un monument d'ailleurs rattrapé par le terrorisme breton, et le festival de Cannes sans glamour ou star, rien n'échappe à la caméra omnisciente de l'équipe ou au regard aiguisé de Fournier. A la manière de Sattouf, le dessin de l'auteur est simple ou naïf et surtout, fourmille de détails amusants en arrières-plans qui permettent de planter le décor et de saisir l'esprit du lieu. Souvent drôle et bien senti, loin des images et de la BD d'Epinal, cette balade sociologique roots et frappée mérite largement le détour. Empruntez pour cela l'itinéraire de déviation pour bien l'apprécier.
