L'histoire :
Dante est un quadra. Clairement hypster, avec sa barbe et sa coupe semi-longue, il arbore fièrement son Marcel blanc. Équipé d'un sac à dos rouge du plus bel effet, il fait quand même moins le malin depuis qu'il s'est paumé en pleine forêt. Lâchant quelques jurons bien sentis, il comprend désormais qu'il est dans une belle panade. Mais c'est à peu près tout ce qu'il comprend, car il multiplie les rencontres avec des personnages plus louches les uns que les autres. Bientôt, il va trouver un précieux guide en la compagnie d'un chacal rouge. C'est désormais évident, Dante est en Enfer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Loin de nous de jouer au professeur d'Histoire, mais il ne vous a sans doute pas échappé qu'on fête les 700 ans de La Divine Comédie. Un brin de culture vous permet de savoir qu'il s'agit d'un texte légendaire, de ceux qui n'ont jamais cessé d'inspirer les artistes et de fasciner les lecteurs les plus érudits. Bien qu'on n'appartienne à aucune de ces doctes catégories, il nous est permis aujourd'hui de nous prononcer au sujet de cette déclinaison assez marrante que constitue En enfer avec Dante. Marrante, certes, mais un peu longuette, c'est le moins qu'on puisse dire. Michael Meier a ainsi pris le parti de tout tourner en dérision, transformant bien des fois la dramaturgie des situations en scènes qui se veulent caricaturales. Dans sa traversée des 9 niveaux des Enfers, Dante-le-hypster croisera en effet des personnages aussi lugubres que Pinochet et Hitler et d'autres moins sympathiques comme Berlusconi. A côté de ceux-là, des pontes de la société de consommation, qui est finalement la métaphore de l'Enfer, seront aussi tournés en dérision. Mais cela ne fonctionne pas toujours : Lui Witong en inventeur de sacs, au mieux ça vous arrache un sourire et si vous n'êtes pas franchement bon public, on comprendrait que vous trouviez cela vaseux. Pas sûr non plus que les plus connaisseurs du texte original se satisfassent de retrouver parmi la galerie de personnages ceux de l’œuvre originale, que l'auteur n'a pas délaissés, dont Charon, dans son rôle de Passeur, Minos et bien d'autres encore. Alors finalement que penser de cette BD ? Il ne serait pas étonnant qu'elle soit auréolée d'une réputation hype. Après tout, qu'il y a-t-il de plus en vogue qu'un hypster intello et pince sans rire ? Pour notre part, on soulignera l'originalité de l’œuvre mais sa tendance (lourde) à verser dans le systématisme d'un humour décalé, a fini par nous fatiguer quelque peu. Avec ce talent, on se dit surtout que Michael Meier a finalement cédé à une forme de facilité, ou pire, qu'il a eu la prétention de vouloir séduire ceux qui connaissent le texte original en même temps que ceux qui le découvriraient à travers son bouquin. Une adaptation certes unique, mais qui est finalement coincée au Purgatoire, vous savez, ce drôle d'endroit qui n'est ni au Paradis, ni en Enfer...
