L'histoire :
Cachemire : L’arrivée du jeune Ali dans une cellule de la prison de Srinagar, donne l’occasion à un vieux résident de l’établissement de lui conter son histoire. Né en 1971, dans la province du Cachemire, en plein conflit indo-pakistanais, il n’a jamais eu besoin de choisir son camp : l’amour du Pakistan lui a été transmis dés le sein maternel et même le vent qui soufflait de ce pays était béni. Très rapidement, il entretient une haine sans limite pour l’envahisseur hindou qui brime les Cachemiris de multiples façons : coupures sauvages d’électricité, pénuries d’eau, profanation de reliques… Élève médiocre, il participe alors dés 16 ans, à des manifestations violentes qui le conduisent bien vite en prison. A sa sortie, son engagement bascule dans la résistance armée, via le fanatisme religieux…
Kerala : Hamid est titulaire d’une chaire à l’université d’Édimbourg. Il a quitté depuis 12 ans son Kerala natal, une province indienne, pour poursuivre de brillantes études en Angleterre. Le décès de sa grand-mère lui donne l’occasion de retourner au pays. Il y retrouve ses parents et son frère ainé, Rashid. Cet homme, qui s’est toujours montré un peu jaloux de la réussite scolaire de son frère cadet, est devenu un homme respecté : un des leaders locaux d’un parti fondamentaliste musulman. Hamid cherche alors à connaitre les raisons de cet engagement. Une curiosité qui bouleversera leur destin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec une thématique peu engageante de prime abord, Frères d’armes réussit pourtant le pari de nous captiver : on se laisse rapidement et facilement attraper par les 2 récits. On admettra en effet qu’il y a plus vendeur que le fondamentalisme religieux indien pour appâter le chaland, surtout via une bande dessinée. Mais à l’instar de ce qu’avait réussit Le Photographe d’Emmanuel Guibert, ces deux histoires distinctes (seule la thématique est commune) nous transporte rapidement au cœur d’une problématique actuelle qui nous intéresse alors immédiatement. Cette accroche est liée au style narratif proche du documentaire, empruntant tantôt la forme d’en long monologue en voix-off accompagné d’anecdotes qui jouent sur le registre de l’émotion, tantôt tout en action. Mais loin de se contenter d’un simple reportage, Frères d’armes livre une analyse fine et intelligente du fanatisme religieux, sans rien stigmatiser, avec beaucoup de justesse et de sensibilité. Graphiquement, on notera surtout l’importance du travail de colorisation dont les aplats rouges, kaki ou noirs sur Cachemire et les tons ocres-doux sur Kerala renforcent la densité émotionnelle recherchée. Sans être révolutionnaire, Frères d’armes nous permet de faire connaissance avec la bande dessinée indienne d’une très belle façon. Merci !