L'histoire :
Dans la campagne du Lancashire, hiver 1853. Au pied du manoir de Lockwood balayé par la tempête de neige qui frappe le Comté, Mathilda ressemble à une brindille. La petite orpheline se présente pour une place de gouvernante. Alors qu'elle est accueillie de façon glaciale, un petit chien déboule et sème la pagaille dans le hall de la majestueuse demeure. C'est alors qu'arrive William, cadet jumeau du Comte. Né 30 secondes après Edward, il est réduit au rôle de second et son aîné décide d'absolument tout. L'aigreur se lit en permanence sur son visage. Enfin, apparaît Edward. Le regard qu'il porte à Mathilda en dit long et leur histoire s'écrit à partir de ce moment là. N'est-ce pas Miss Bardple ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On peut distinguer deux catégories d'histoires d'amour : celles qui nous ennuient et celles qui nous charment. Le Rose vous va si bien fait incontestablement partie de la seconde, parce que le ton est à la légèreté et à l'humour. Parce que c'est un hommage à la littérature de la fin du XIXème, ainsi qu'au théâtre. Parce que les dialogues font constamment appel à la dérision et parodient gentiment le genre. Parce que les personnages sont caricaturaux mais attachants. Véronique Grisseaux et Eva Rollin, qui n'en sont pas à leur première collaboration, se sont manifestement bien éclatées en réalisant cette BD, qui cache aussi un bel hommage au métier d'écrivain. En introduisant un personnage reflet de Barbara Cartland (la célèbre stakhanoviste du roman rose), la narration prend assez vite une tournure inattendue, la créatrice de l'histoire venant y participer en entrant en relation avec Mathilda, fruit de sa propre imagination. Cette mise en abîme fonctionne parfaitement et amène une touche fantaisiste, voire délirante, qui entraîne le lecteur dans ces effusions surannées. Découpée en chapitres dont les introductions sont écrites à la mode d'antan, cette BD se singularise par son rythme. Véronique Grisseaux sait y faire, elle qui a travaillé sur la série Un gars, une fille. Eva Rollin joue aussi de déclinaisons chromatiques qui renforcent l'ambiance rétro et l'effet huis-clos. Les décors, en particulier le château, deviennent ainsi un personnage à part entière. Et puis il y a cette fin, aussi brillante qu’inattendue, qui enfonce définitivement le clou. Comme un dernier sourire communicatif au lecteur. Si on pouvait, on retournerait le compliment aux autrices : ce Rose vous va si bien, et il sied au lecteur !