L'histoire :
1789. Alors que les Etats Généraux sont annoncés, sur le Faubourg Saint-Antoine à Paris, une jeune fille fait les poches des badauds qui hurlent contre le roi et pour son frère le duc d’Orléans. Elle s’enfuit par les toits. Pendant ce temps, Michel attend son père qui négocie l’édition d’un livre sur son « art du tailleur ». Il espère que cela amènera du monde à la boutique du Faubourg. Michel, lui, s’est ennuyé au Palais-Royal, il ne comprend pas pourquoi cela appartient au duc, pourquoi lui et le roi se détestent. Chemin faisant, Thibault, le père, et le fils discutent et ont hâte de retrouver l’oncle de Michel, Renaud, qui traîne les rues en se proposant pour des petits boulots. Il ne gratte rien, et ne reste même pas avec ses trois sous car la petite fille du début, qui s’enquiert de sa santé après qu’il a été renversé par un carrosse, lui fait les yeux doux… Il lui donne deux sous. Pendant que les adultes parlent, Michel s’est caché pour bricoler une machine à coudre automatique, ce qui fait bien rire son père, qui ne croit pas à cette invention. Le lendemain, à l’assemblée de quartier, Thibault apprend que l’entrepreneur Réveillon, chef de la manufacture royale de papiers peints, veut baisser les salaires de ses ouvriers. Quelques jours plus tard, c’est l’émeute, dans laquelle le père de Michel va disparaître…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénario prend sa source dans un fait divers historique. La révolte d’avril 1789 au Faubourg Saint-Antoine est l’un des évènements précurseurs de la Révolution. Il a démarré après une sortie du grand employeur du quartier, Réveillon, qui rêvait de revenir au salaire minimum précédent. Michel va perdre son père et, alors que son oncle s’avère incapable de retrouver le corps, Michel va s’accrocher à l’espoir que son père est vivant, embastillé. Le lecteur imagine bien où ça va pouvoir nous mener, d’ici la fin du troisième tome d’un triptyque annoncé. Mais là n’est pas l’essentiel, semble-t-il, puisque Michel va faire la connaissance de la petite bande de Charlotte, qui vit sur les toits de la capitale. L’histoire est agréable à suivre, le background passionnant est servi par un dossier très pédagogique à la fin de l’album. Les personnages sont assez aboutis autour de Michel. La ligne claire de Bordas est agréable à suivre, très souple et plus cartoonesque que lors de son précédent Naufragés de la Méduse. L’objectif étant de passer de la BD pour adulte à de la BD jeunesse, faire passer beaucoup d’informations sur un ton léger. C’est réussi. Surtout, la petite bande de filous vient à peine de se créer et on a hâte de suivre leurs aventures, tant ce premier épisode a semblé n’être que le prétexte à placer Michel avec ses trois petits camarades qui manquent de savoir-faire. Un bon début, à suivre, donc.