L'histoire :
Misson et Caraccioli sont heureux. Ils pensent avoir créé le jardin d’Eden, pour permettre aux hommes de jouir de la liberté. Des hommes de la tribu voisine viennent leur faire un cadeau et les emmènent dans leur village. Misson échange de l’alcool avec le chef du village, sous la désapprobation de Caraccioli. Un homme blanc, fatigué et à qui on a coupé la langue, traîne sa misère dans le village. Misson l’achète avec des pièces d’or. Rentrés à Libertalia, un grand banquet est donné. Les hommes peuvent manger et boire tout leur saoul, de leur production locale de rhum. La propriété individuelle est abolie et la liberté est érigée en étendard. La soirée est douce, les femmes des villages voisins se donnent avec bonheur aux héros venus de loin… Pendant ce temps, dans les Caraïbes, l’âme damnée de Saint-Jean est à leur recherche. Plusieurs semaines plus tard, les terres de Libertalia sont labourées, les hommes heureux, et les échanges avec les tribus voisines de plus en plus naturels et fructueux. Aucun nuage n’obscurcit le ciel de la petite colonie libertaire.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Libertalia a-t-elle vraiment existé ? Cette colonie libertaire de Madagascar, fondée par un gentilhomme provençal et un prêtre défroqué apparaît dans une encyclopédie du XVIIIème, qui serait en fait l’œuvre de Daniel Defoe, l’auteur de Robinson Crusoé… L’idée est belle, de toute manière, de ces pirates qui essaient de créer une société sans règles, basée sur la liberté et la solidarité. Mais bien entendu, les premiers problèmes arrivent : individualisme, triche, alcoolisme, violence envers les femmes, les penchants violents des hommes reprennent le dessus. Et puis, il y a le leadership, le pouvoir. Même si Misson et Caraccioli ont des idées généreuses, ils s’opposent, de plus en plus ouvertement, sur la manière. Misson est plus pragmatique, Caraccioli plus cérébral. Et puis le prêtre défroqué a dans l’idée de recréer une église sans tache dans leur petit paradis. Ce deuxième tome est mieux équilibré et plus efficace que le premier. Là où on avait un peu l’impression que le scénario avançait trop vite, on a désormais des caractères qui s’affrontent. Rudi Miel et Fabienne Pigière prennent le temps de nous offrir une montée dans l’adrénaline entre Misson et Caraccioli, qui se sont lancé comme des étudiants en goguette dans leur aventure, qu’ils prennent désormais très au sérieux. Les dessins de Pella sont toujours aussi efficaces et certaines planches sont vraiment magnifiques. Il offre un souffle qui transpire l’aventure et les rêves d’ailleurs. C’est au final une très belle suite, qui laisse un suspense insoutenable sur le dénouement du triptyque. Le lecteur attendra, la gorge sèche, la fin de cette belle aventure.