L'histoire :
1,36 Kg en moyenne, soit le poids d’un bon poulet. La forme d’un corps humain replié sur lui-même, mou et élastique, des plissures de cortex sur toute sa surface, comme un choix-fleur, une grosse activité électrique, le tout relié au reste du corps par le tronc cérébral : tel est le cerveau chez les humains (et chez les animaux). Et c’est avec ça qu’on pense ! Mais comment penser la pensée ? Des explorateurs nano-neurologues se propose de nous emmener dans le monde de l’extrêmement petit pour comprendre les rouages de cette extraordinaire machine. A bord de leur vaisseau, nous voilà en train de naviguer à travers les couches de neurones reliées entre eux par des axones et des dentrites. Car chaque neurone peut ainsi être connecté à 10 000 de ses congénères… et nous avons environ 100 milliards de neurones dans le cerveau (et encore, on ne compte pas ceux qui se trouvent dans la moelle épinière, le cœur, les intestins…). Autour des neurones, se trouvent les cellules gliales qui les nourrissent, les protègent, font le ménage, leur apporte l’oxygène… Entre autre, ces cellules fabriquent la gaine de myéline qui entoure les axones. Bien isolé, ça permet au message d’aller plus vite. Cela dit, il y a des espèces qui n’ont pas de neurones : les étoiles de mer, les méduses…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un formidable élan de vulgarisation scientifique en BD, Jean-Yves Duhoo nous avait déjà emmenés à l’intérieur de différents laboratoires de recherche, afin de comprendre ce qu’on peut bien y faire et comment ça s’y passe, concrètement (Dans le secret des labos, 2019). Le voici à présent entièrement tourné vers un unique sujet, mais pas des moindres : le fonctionnement du cerveau humain. Il faut dire que cette machine que chacun d’entre nous trimballe (même les plus cons) comporte tant de neurones que, si on les met bout à bout, on obtient la distance terre-lune ! La méthode Duhoo est toujours la même : des alter ego miniaturisés explorent les rouages techniques du sujet, divulguant des informations importantes tout en s’en amusant, avec une grosse part de dérision. Car ça aussi, c’est scientifique : quand l’apprentissage est amusant, on retient bien mieux ! Ce petit bouquin édité cette fois par Casterman empile ainsi des planches souvent chargées, sans bordures de case, zoomant tantôt à l’extrême sur des neurones rigolos, utilisant tantôt des schémas ou des acteurs symboliques pour mieux expliciter à l’aide de métaphores (ex : la maison de Cicéron, les connexions à travers le temps ou les persos de couleur incarnant les neurotransmetteurs). Certaines planches sont extrêmement denses, avec des tas d’infos et d’anecdotes empilées de manière anarchique, accompagnées de croquis minimalistes. Cela dit, la représentation des mécanismes cérébraux relève souvent de la gageure et il faut reconnaître à l’auteur d’avoir trouvé des biais d’évocation assez justes. Et même si on saute souvent du coq à l’âne, d’un point technique à l’autre, sans véritable « narration » d’ensemble, on comprend ainsi énormément de choses. A condition de ne pas être une étoile de mer.