L'histoire :
Dj Teck Morning Attack (Otomo) : De nuit, un planeur high-tech parachute une sorte d’obus, qui vient se ficher sur une terre aride, servant de pâturage à de chiches bergers. Le lendemain matin, une trappe s’ouvrira et un robot tueur pulvérisera s’emblée un berger trop téméraire. Le robot poursuivra sa route à travers une ville en ruine, post-apocalyptique. Il distribuera les coups de laser sur les rebelles survivants et les messages publicitaires…
Canteror (Pirus) : Après une grosse tempête, Canetor est monté sur sa toiture pour tenter de repositionner quelques tuiles déplacées. Bien qu’il ne soit pas trop sûr de ses compétences de couvreur, il est mis au pied du mur par Canetorette qui « assainit » le trou à grands coups de balais. Canetor a 10 fois de plus travail, maintenant… Et la méchante Canetorette fait des saucisses au barbecue sans même lui en apporter…
La secousse (Tripp) : A l’adolescence, ce qu’il se passe sous la jupe des filles travaille sévèrement la psyché de Jean-Louis. Certes, il a appris l’anatomie féminine, il a observé les plans de coupe de cerveaux et de cœurs humains, mais il ne comprend pas comment tout cela peut être relié. Heureusement, grâce à un voyage en Angleterre et à l’arrivée naturelle des hormones, tout va se mettre en place…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce premier épais recueil de Pandora inaugure un concept périodique, a priori semestriel, à l’initiative des éditions Casterman. Comme l’explique Benoît Mouchard en préambule, il s’agit de donner carte blanche à des auteurs de BD – et pas des moindres – pour de courts récits autonomes, pourvu qu’ils expriment leur inventivité, qu’ils proposent une nouvelle vision du monde et qu’ils tirent ainsi l’art séquentiel vers la modernité, vers le haut. Tous les genres peuvent être visités, tous les sujets abordés, tous les styles réinventés. L’ambition est de partager le meilleur de la créativité séquentielle du IIIème millénaire. Evidemment, vue cette définition, le résultat de ce premier volume est un incroyable patchwork. Le meilleur y côtoie l’hermétique, l’inspiré s’alterne à l’abscons. Au générique de la 4ème de couv’, de grands noms du 9ème art interpellent clairement : Otomo, Rossi, Mattotti, Blutch, Bajram, Spiegelman… En moyenne, le lecteur sera sans doute époustouflé par un haut niveau artistique (Pastor, Toulhoat, Blutch, Otomo, Ravard impressionnent toujours autant, graphiquement parlant). Certains scénarios se révèlent aussi différemment pertinents, inspirés, astucieusement menés ou puissants par leur fond (De Moor/Dal, Dupré Latour, Götting, Lehman, Ranta, Tripp, Davis, Mangin) ; voire aussi d’un cynisme hilarant (Killofer, Pirus, Vives). Pour contrebalancer et permettre l’antithèse, certains exercices brillent par la nébulosité de leur propos (Pastor, Coatelem, Menu, Viscogliosi, Rapi, Blutch, Bindi). La pluralité et l’ouverture sont des plus intéressantes, dans tous les cas.