L'histoire :
Gaston est désormais ouvrier à New York, où il construit l'un des gratte-ciels qui cherche à battre le record de hauteur. Son compagnon Pavlo, immigré comme lui, va rentrer chez lui bien sagement à la fin de cette semaine, pour éviter de dépenser toute sa paye autour d'une partie de poker. Gaston va donc retrouver les habitués du George's Friends' Café et s'offrir une passe avec Purity, la très gentille prostituée avec qui il aime tant parler de choses et d'autres. Le souvenir d'Abélard est encore très présent en lui. Il hante ses rêves nuit après nuit, alors que le chapeau de son ami trône sur l'armoire de son petit appartement. Lorsqu'il retourne au café, le lendemain soir, il apprend que Purity a été tabassée par un client. Gravement blessée, la jeune femme confie ses économies à Gaston, pour qu'il puisse aller chercher son fils, et lui éviter l'assistance publique. Le lendemain Purity meurt sur son lit d'hôpital. Gaston se rend donc chez une certaine Madame Barnes. Il y rencontre un garçon insolent et rebelle, que sa nourrice met à la porte avec armes et bagages. Lorsqu'il apprend la terrible nouvelle, Alvin redevient soudain un petit enfant. Assis en face de Gaston, qui va devoir lui trouver une nouvelle famille.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Régis Hautière remet en selle son anti-héros touchant et poétique, qui va faire la rencontre d'un nouveau personnage marquant. Quelques temps après Abélard, mort juste avant de fouler le sol de New York, Alvin va faire irruption dans la vie de Gaston comme un nouveau feu follet, imprévisible et attachant. Presque rien n'a changé dans la mécanique de ce nouveau diptyque qui commence. Le dessin de Renaud Dillies est toujours aussi doux et original, faussement simple et proche de l'illustration enfantine. Les visages des personnages en gros plan, lors des cases silencieuses, provoquent un temps d'arrêt qui font toujours leur effet. Le dessinateur sait parfaitement séquencer et mettre en scène la surprise et l'émotion qui surgit. Ce premier tome se lit rapidement avec un sourire aux lèvres, les dialogues impeccables de Hautière étant le poumon de ce duo artistique très réussi. On n'est certes pas aussi surpris que lors de la découverte d'Abélard, mais ce nouveau départ, qui peut se lire de manière totalement indépendante, est tout aussi réussi. La très belle qualité d'impression de cette série est par ailleurs un réel plus pour plonger sans retenue dans un univers personnel très cohérent. Hautière et Dillies créent ensemble une série grand-public absolument pas formatée, remarquablement mise en valeur par un éditeur visiblement enthousiaste. Un petit plaisir.