L'histoire :
Le chevalier Brayard rentre au pays après sa deuxième croisade. Il est tout heureux d'arrêter la guerre et chantonne à pleins poumons. Son compagnon, le moine Rignomer, le sermonne et lui reproche son attitude pendant les combats. Brayard a tué bon nombre d'Ottomans et forcé de nombreuses femmes. Pour le chevalier, ce ne sont que des infidèles qui méritaient leur sort. Pendant qu'ils devisent, une personne encapuchonnée les attaque, le couteau à la main. Brayard parvient aisément à mettre à terre l'agresseur qui se révèle être une jeune fille. Il s'agit de la princesse Hadiyatallah qui n'a seulement que treize ans. Elle veut absolument rentrer dans son pays et leur prendre une monture. Amusé, Brayard lui donne son cheval Clovis, mais la jeune fille se rend compte qu'il est bien trop indiscipliné. Alors qu'elle essaie de lutter contre le cheval, Brayard l'immobilise et la fait prisonnière...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Zidrou et Francis Porcel se retrouvent pour une nouvelle histoire moyenâgeuse, un an après la sortie de Bouffon. Cette fois, c'est un véritable récit d'aventures que déploie Zidrou. Tous les ingrédients d'une grande épopée sont présents : les longs voyages, les rencontres insolites, les découvertes exotiques et bien sûr les éternels échauffourées. On est pris dès le départ dans cette quête médiévale grâce à une flopée de personnages attachants et dotés de personnalités bien marquées : Brayard est un ours gouailleur et bagarreur, Rignomer un moine lâche et naïf, et Hadiyatallah une captive belle et farouche. Ce trio invraisemblable va donner naissance à des épisodes trépidants sur les terres du monde entier, imitant les grands récits à la Walter Scott. Pourtant, cette chanson de geste ne se prend pas au sérieux, à l'image de la mélodie paillarde que chante sans arrêt Brayard. Zidrou parvient à allier humour et action avec une finesse et une aisance déconcertantes. Les dialogues sont parfois absurdes et certaines scènes sont de grands moments de rire, sans jamais enlever l'intensité des péripéties. L'auteur fait même des clins d'œil (parfois très appuyés) à notre époque contemporaine, sacrifiant à la Sainte modernité ! Le graphisme de Porcel est parfait pour représenter ce subtil mélange d'aventure et de parodie. Le trait est précis et plein de finesse, mais avec un léger soupçon de caricature pour un dessin étonnamment vivant et dynamique. Le récit est également une formidable plongée dans le Moyen Âge et dans toute sa complexité. Tout est abordé : les moines et leur piété, la dure condition de la femme, les chevaliers et les croisades, la place de la religion, les bandits de grand chemin... on a même un faux extrait d'un texte sacré façon écritures et enluminures anciennes. Brayard entre déjà dans la légende !