L'histoire :
« Autrefois, les femmes n’existaient pas et c’est pour cette raison qu’elles sont absentes des livres d’histoire. Il y avait des hommes et, parmi eux, un certain nombre de génies. Puis quelques femmes sont apparues, mais leur tête était si petite qu’elles étaient nulles en tout sauf en broderie et au croquet. » Certes, il existât bien quelques exceptions qui tentèrent de sortir du lot, mais cela ne faisait que des problèmes. D’ailleurs, Charles Darwin, qui fut un génie incontestable, avait parfaitement reconnu que les mérites des femmes « étaient ridicules comparés à ceux des hommes, ce qui prouve que les femmes sont biologiquement inférieures ». Ainsi, les premières femmes vivaient dans une sphère domestique, où elles faisaient tout un tas de « choses pas trop pénibles comme s’occuper des enfants, récurer le plancher, laver les draps et les rideaux, coudre des boutons et travailler à la mine de charbon. » Dès lors qu’elles sortaient de ce cadre strict (par exemple en ayant leurs propres opinions, en portant la raie sur le côté ou en n’étant plus vierges après accouchement), les femmes devenaient déchues…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Notre XXIème siècle sera-t-il de la parité homme-femme ? En tout cas, la période est la plus faste depuis les débuts de l’humanité, dans notre sphère occidentale, pour y parvenir. La preuve avec ce petit bouquin pétri de mauvaise foi misogyne, qui n’a rien à voir avec l’art séquentiel. Dans la forme, l’écriture manuscrite, aux circonvolutions enfantines, s’accompagne en effet juste d’un dessin naïf et souvent rapide pour l’illustrer. L’anglaise Jacky Fleming (qui est une femme !) enfile comme des perles les « évidences historiques » sur la pseudo-infériorité intellectuelle du sexe faible, afin de mieux souligner la bêtise des préjugés machistes. Au regard de notre actu, on dirait du Trump dans le texte. Fleming souligne ainsi, en autant d’axiomes volontairement honteux, l’incapacité des femmes à s’adonner à la littérature, au sport, à l’art, à la science, au raisonnement par soi-même. Elle explique par exemple, avec cette assurance supérieure emprunte d’ironie, le sens pratique (bidon) des coiffures et des modes vestimentaires qui ont été imposées aux femmes. Ainsi le corset les empêchait de s’évanouir bêtement, et les robes à crinoline permettaient de planquer des trucs utiles dessous. Fleming s’amuse encore, pour mieux les dénoncer, des citations ahurissantes de misogynie – au regard des mentalités de notre XXIème siècle – signées de grands noms comme Freud, Darwin, Rousseau, Schopenhauer, Picasso, Maupassant, Kant (les femmes qui étudient les sciences courent le risque de se voir porter une barbe… ce qui affaiblirait leurs charmes). A l’heure où une femme pourrait (devrait !) pour la première fois devenir présidente de la première puissance planétaire, il faut tout de même avouer que de gros progrès ont été faits, même si on est encore loin du compte. Terminons par cette sentence monumentale du poète Ruskin, qui culmine dans le registre : « L’intelligence de la femme n’est ni inventive ni créative… Sa grande fonction est la louange ». Dommage, ça rime pas.