L'histoire :
Jérémie, jeune homme blond aux lunettes rondes, se promène dans les rues de Paris un dimanche après-midi, sous une pluie battante. C’est alors qu’une jeune femme, plutôt jolie, l’interpelle. Cette femme n’est autre que Florence, la secrétaire de la boîte de jeux vidéos dans laquelle il travaille en tant que lead designer. Un peu maladroit, il lui répond qu’il va prendre un verre avec des amis. Il rejoint alors Jean-Jacques, un ami, la sœur de Jean-Jacques, Sandrine, et le petit ami de cette dernière, Youssef. Jean-Jacques apprend à Jérémie qu’il a une ouverture avec une certaine Elodie, une vieille connaissance. Quant à Jérémie, il pense avoir un ticket avec Florence. Ce qui nourrit au plus haut point ses fantasmes, ce sont les pieds de Florence. Ils sont beaux, fins et son jeu de pied est exquis ! Moins original : il aime aussi ses fesses, surtout lorsqu’elle se plie en deux pour ranger ses dossiers. Bref, c’est « un canon génétique » ! Malheureusement, Jérémie Chibouz a le charisme d’un hérisson et la faconde d’un perroquet. Autant dire que la partie est mal engagée… Mais bon, on ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut toujours marcher…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’occasion des 10 ans de la collection Poisson Pilote (Dargaud), voici une nouvelle édition du premier tome, toilée, des Pauvres aventures de Jérémie. Une chose est sûre, Jérémie est très drôle : angoissé pathologique et handicapé social, il est hanté par ses refoulements. Il persiste néanmoins à penser que « c’est un super coup » ! Alors, on pourrait s’attendre à un fiasco total, mais ce serait méconnaître notre anti-héros. Avec l’énergie du désespoir, il va affronter ses inhibitions pour mieux les dépasser. Encore une fois, Riad Sattouf fait mouche. Il a ce don de saisir avec une parfaite acuité les failles existentielles pour en faire un cocktail amusant et léger. Ce qui paraît grave n’est en fait que simple péripétie, sachant que les échecs sont là pour nous structurer. Les portraits de Sattouf, fins et attachants, sonnent toujours très justes. A l’image d’un Pascal Brutal, il faut le reconnaître, nous avons tous un jour ressemblé à ce Jérémie. Ce mal-être chronique, ces névroses récurrentes, nous en avons tous été victimes à un moment donné. Quant au trait, toujours simple et lisible, il retranscrit à merveille la psychologie des personnages : un sourire édenté, une tape retournée, un regard lascif, des gouttes de sueur… Sattouf scrute, analyse et dessine les défauts de ses personnages pour mieux les sublimer. Frais et vivifiant !