L'histoire :
La « chute libre » de Mademoiselle Caroline, illustratrice de profession, a commencé en mars 2003, alors qu’elle emmenait son fils chez son médecin généraliste. Une bête question de celui-ci, juste après l’auscultation, l’a brusquement sortie de sa position attentiste : « Vous ne riez plus ? ». A ce moment précis, mademoiselle Caroline s’est sentie se liquéfier et sombrer tout au fond d’un abyme d’angoisses, sans raison apparente. De fait, le médecin s’est aperçu de la chose et lui a aussitôt rédigé une ordonnance d’antidépresseurs pour un mois. Durant cette période, mademoiselle Caroline a sagement gobé ses médicaments et s’est progressivement sentie aller mieux. A la fin de la boîte, elle a donc arrêté. Mais rapidement, tout est redevenu noir et instable. Elle pleurait pour un rien, des jours durant. Un autre médecin lui a alors dit qu’il n’aurait jamais fallu arrêter, qu’elle était la proie d’une terrible maladie : la dépression. Le (gros) mot était lâché, il n’allait plus la quitter durant 6 années abominables. Ordonnances, médicaments, compréhension de son homme, phases de replis sur soi, apparences trompeuses et séances chez plusieurs psychiatres allaient devenir son quotidien…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Entre 2003 et 2010, Mademoiselle Caroline, illustratrice de profession, a subi les affres d’une maladie terrible et bien particulière : la dépression. C’est cette lente et longue Chute libre qu’elle propose de retranscrire dans ce roman graphique de 150 pages, afin de l’exorciser certes, mais aussi afin de la dédramatiser, de donner de l’espoir à ceux qui en souffrent et de l’expliciter à leurs proches. Etant donné que l’illustration est son métier et sa passion, Mademoiselle Caroline a couvert durant ses différentes phases de dépression un carnet de petits dessins traduisant de leur mieux ses états d’âmes du moment. Ce sont ces petits dessins, largement complétés et reliés ultérieurement par d’autres, qui composent ce bouquin assurément évocateur sur la dépression. Le médium bande dessinée prouve une fois de plus qu’utilisé par des auteurs qui savent tirer profit de toutes ses ressources, il peut être un outil incroyable pour véhiculer les émotions et décortiquer des mécanismes abstraits. En ce sens, le trait jeté et stylisé de Mademoiselle Caroline participe pleinement de sa démarche. Mais l’illustratrice joue aussi avec un maximum de techniques : les lettrines, les bordures de case, les aplats de couleur, les copiages, les phylactères, les gribouillages, et cela en restant toujours en adéquation avec le propos. Tout à fait accessible et… drôle ( ! ), ce livre démontre admirablement que les dépressifs (à ne pas confondre avec les déprimés) ne sont pas des gens se laissant aller à leur petits états d’âmes. La dépression n’est pas leur « faute » : c‘est une maladie à combattre avec méthode, en lien avec des spécialistes compétents.