L'histoire :
Autour d'une tasse de thé, Virginie confie à sa grand-mère, Rose, ses problèmes de coeur avec un garçon. Elle l'a dans la peau et n'ose pas lui dire. Pour elle, sa grand-mère n'a pas connu de genre de souci. C'est vrai, papy n'était pas un homme très sympa. C'est un secret pour personne, ils ne s'aimaient pas. Mais au moins, avant, on prenait un mari pour toute la vie. On n'avait pas le choix, mais on n'avait pas le cœur en miettes. La grand-mère regarde par la fenêtre et se souvient quand elle était amoureuse d'un autre... 1942. La France est occupée. Dans un immeuble parisien situé passage de la Graine, la vie suit son cours. Camille, un aveugle, écoute paisiblement la TSF qui passe de la musique. Andrée (la femme de Camille), la concierge, passe le balai dans la cour de l'immeuble. Elle répond à un soldat allemand en uniforme qui demande où se situe l'appartement de Sarah Ansburg. Elle enguirlande sa fille Simone pour sa tenue trop garçonne. Ce n'est pas comme ça qu'elle va trouver un mari. Madame Flament, une vieille acariâtre, grommelle. Depuis la fenêtre de son appartement, le petit Lucien observe tout ce petit monde. Sa mère Rose est au chevet d'Anaël, un enfant juif alité car atteint de la polio. Quand soudain, on sonne à la porte...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un titre bien trouvé et plein de sens, une couverture sublime... Collaboration horizontale annonce d'emblée la couleur. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'intérieur est à l'image de l'extérieur : profond et plein d'émotions. Loin des standards habituels sur le genre, Mademoiselle Navie place le récit dans un immeuble qui chante et déchante au gré des évènements qui s'y produisent. Le cœur du récit est cet amour impossible entre une femme mariée qui élève seule son petit garçon et un soldat allemand. Rose a connu l'amour, une parenthèse enchantée dans une époque désenchantée, où les juifs étaient la cible de la bêtise, où les gens dénonçaient leur anciens voisins. D'autres histoires de femmes viennent se greffer autour... où l'amour n'est jamais étranger. La galerie des personnages qui peuplent ce huis clos (à la Klapisch) est foisonnante avec des personnalités attachantes comme Camille. Bien que ce dernier soit aveugle, il voit des choses que les autres ne voient pas, en étant à l'écoute de son entourage. Comme nous, il est spectateur de cette histoire poignante sublimée par le trait subtil et délicat de Carole Maurel qui, mine de rien, enchaîne les pépites, entre L'apocalypse selon Magda et Luisa. Son trait enlevé apporte une vraie dynamique et légèreté à la narration. Ses planches one page somptueuses rythment le récit où elle laisse libre court à son imagination et à sa verve artistique. La belle surprise de ce début d'année !
