L'histoire :
Par une journée bien triste, trois des membres de l’association « En toute conscience » s’engouffrent dans un immeuble bourgeois. Après s’être assurés qu’aucun voisin ne les voit s’introduire dans l’appartement 38, ils frappent à la porte. Ils sont accueillis par Mireille, une femme à la mine triste et fatiguée, qui les annonce auprès de sa mère. Alitée, Geneviève est satisfaite de voir arriver les membres de l’association. Philippe lui explique le protocole tel qu’il va être réalisé pour son IVV (Interruption Volontaire de Vie). Quand elle aura bu la solution qu’ils vont lui donner, il n’y aura pas de retour possible. Philippe s’assure une dernière fois que la vieille dame est toujours sûre de sa décision d’en finir. Il demande à sa fille de la saluer une dernière fois et d’aller faire des courses. Il faudra qu’elle conserve précieusement le ticket avec l’heure de son passage en caisse en guise d’alibi. Mireille est débordée par les émotions et semble totalement perdue, car elle sait que sa mère va mourir. Pendant ce temps, en cuisine, Christine prépare le mélange avec du jus d’orange, afin que le produit passe mieux.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors que l’assemblée nationale française s’écharpe sur le débat concernant l’euthanasie, les éditions Delcourt sortent un album inspiré de faits réels sur le sujet. Des membres actifs qui militent pour la liberté de mourir dignement sont confrontés à une situation inédite. A l’occasion d’une réunion de l’association « En toute conscience », un homme d’une quarantaine d’années vient les solliciter pour disposer d’une dose du produit léthal. Il souffre terriblement d’un chagrin d’amour. La douleur est telle qu’il souhaite mettre fin à ses jours, tout en étant accompagné dans sa démarche. Pour le dissuader et lui rendre le gout à la vie, les membres les plus actifs de l’association vont user de différents stratagèmes. C’est un contre-pied original qu’Olivier Peyon (scénariste) a trouvé pour défendre ces associations décriées par les opposants à l’euthanasie : ces membres n’accèdent pas de manière systématique aux désirs de ceux qui les sollicitent. Aider une personne à mourir n’est pas chose simple et c’est avant tout la vie qui est au cœur de cet ouvrage. Cet album met également en lumière l’hypocrisie de la justice qui ne condamne pas ces associations et leur demande juste d’être discrètes. C’est un sujet sérieux et grave, mais les moments de rigolades sont nombreux. Les membres qui constituent le noyau dur de cette association sont hauts en couleur : l’assemblée générale de l’asso est un grand moment avec une psychanalyste on ne peut plus caricaturale ! Evidemment, il y a également des passages très émouvants, comme cette anorexique de 35 ans qui en paraît 90 et pour qui la mort semble la seule délivrance ; ou encore l’histoire personnelle d’un des membres de cette association. Quelques rares touches de couleurs viennent ponctuer ce récit fort en noir et blanc. Les traits des personnages sont expressifs et les décors plutôt minimalistes, mais pas simplistes.
