L'histoire :
René cherche à jouer un rôle de plus en plus important dans la rédaction de Fraternités, qui est l'objet de toutes les attentions du pouvoir bonapartiste. Alors que le sacre de l'empereur se prépare, tous ses proches cherchent à mettre la franc-maçonnerie sous leur contrôle. Le journal est donc une cible de choix, auréolé de son indépendance et de son rôle important dans la période post-révolutionnaire. L’avocat Louis Chasseneuve approche alors, avec habileté, l'ambitieux fils de Gaston, lui promettant une reconnaissance formelle et unique du pouvoir si le journal se positionne clairement. Derrière lui, c'est Fouché qui est à l’œuvre, installant son contrôle policier sur l'ensemble du pays. Lui est très intéressé par une maçonnerie qui serait active, mais parfaitement manipulée. La santé de Gaston est déclinante. Son épouse fait tout son possible pour soulager ses derniers jours de vie, et la succession du patron de presse est à l'ordre du jour. Paul, le deuxième fils, qui a fui son père quelques années plus tôt, n'a toujours pas reparu. Et la cérémonie de naissance de l'Empire approche, avec le soutien affiché de Fraternités. Dans un premier temps...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce deuxième épisode de la saga historique autour du journal Fraternités nous plonge déjà au-delà de la Révolution Française, à la naissance du premier Empire. Comme dans son premier volet, le scénariste Jean-Christophe Camus cherche à développer une intrigue personnelle, à mettre en scène un affrontement, sur fond de bouleversement de la société. Le sacre de Bonaparte est un contexte sur lequel se déroule la tentative de prise de pouvoir de René sur le journal créé par son père. Encore une fois, l'érudition est au rendez-vous pour nous permettre de découvrir le rôle que jouent Fouché et les autres dans la main-mise sur l'Etat que tentent Napoléon et ceux qui le soutiennent. Les ambitions personnelles décuplées par la perspective d'un pouvoir fort sont très bien mises en avant et font réfléchir plus généralement sur les motivations des politiques, d'aujourd'hui comme d'hier. Accompagné pour ce tome 2 du dessinateur Bernardo Muñoz, encore peu connu en France, l'auteur livre un récit soigné dont la mise en images ne laisse rien au hasard. Il semble se confirmer que la série vise une qualité formelle et une vraie exigence graphique, pour soutenir un thème historique plutôt porteur. Il faut préciser que l'auteur ne dresse aucunement le procès de la franc-maçonnerie et ne cherche donc pas à surfer sur les multiples théories du complot qui entourent en général cette confrérie, auréolée d'autant de mystères que de fantasmes. Ce second volume est toutefois un peu plus léger et moins bien séquencé que le premier, la clôture de son suspense se faisant un peu à la va-vite et de manière pas toujours très crédible. Mais nous n’en voudrons pas à ces deux artisans très sérieux et appliqués, le tome 3 qui nous emmènera sans transition en 1871 nous promet un regard de l'intérieur sur la Commune de Paris. En même temps qu'une dimension de saga familiale pour cette nouvelle série-concept décidément intéressante.