L'histoire :
Quelque part sur Pétronia… Gabriel Sauzé, avocat commis d’office, interrompt la douce mélopée («… Le gitan, le gitan que tu ne connais paaaas ! ») claironnée à tue-tête par Toni Tzarom pendant qu’il s’affère à quelques travaux d’entretien sur son engin spatial. L’affaire est grave : Lubna, l’épouse de Toni, doit être très prochainement jugée pour s’être introduite, arme lourde au poing, au siège de la Protomorph, une puissante compagnie. Aprés son passage, un Métamorphe, une espèce rare et d’une valeur inestimable, a mystérieusement disparu. Malgré les photos qui accablent sa femme, Toni réfute une quelconque implication de sa Lubna. La conversation est rapidement interrompue par un appel radio : Rona demande un soutien électrostatique à son père. Toni ne perd pas une minute est déverse le flot d’ondes salvateur (à l’aide d’une arme prohibée) qui débarrasse Rona de ses poursuivants. Puis, embarquant fille et avocat, il décolle sans demander son reste. Dans l’espace, après avoir quitté le système de Pétronia, père et fille livrent quelques explications pour ce départ précipité : ils viennent d’arnaquer des Kadmars en échangeant contre faux billets des fûts de gaz toxique hautement concentré. D’où la course poursuite et sa conclusion. Gabriel Sauzé voudrait bien regagner son domicile, mais les Tzarom ont d’autres projets. De fait, ils atterrissent sur une grosse carcasse rouillée (mise à disposition par le gouvernement galactique pour les gens du voyage) pour festoyer en compagnie de la grande famille des gitans : guitare, danse, alcool… et mauvaises surprises…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Du space opéra à la sauce tzigane : voilà qui constitue cette nouvelle série concoctée par le tandem Lupano-Cauuet. Et que ces deux là ne nous disent pas qu’ils se sont ennuyés en préparant leur tambouille : le fumet qu’elle dégage est chargé de leurs éclats de rires complices de bout en bout… D’un coté : avec son lot de vaisseaux sophistiqués, de jets laser multicolores, de créatures extra-terrestres peu appétissantes (et pas fute-futes non plus) et son intrigue parfaitement rythmée, l’ouvrage utilise l’artillerie basique et adéquat pour une série de science fiction divertissante. De l’autre : la déclinaison de l’univers gitan sous ses formes les plus burlesques, du cheveux gominé tiré en arrière, en passant par l’incontournable feu de camp avec guitare et danse ensorcelante, déco kitch, moumoute au volant, magouilles et inaliénable orgueil, permet de vivre la balade intergalactique sous l’angle de l’humour tout feu tout flamme. Mis ensemble sous la baguette de Wilfrid Lupano, ces composantes s’entendent comme deux vrais larrons : l’un toujours subtilement prêt à donner un coup d’épaule à l’autre pour l’empêcher de tomber dans ses travers ou ses clichés. Ainsi, les dialogues font incroyablement mouche, claquant tous azimuts en de savoureux clins d’œil, tandis que les rebondissements judicieux empêchent l’intrigue de gaudrioler, pour un récit plein de surprises et d’action. Dans ces conditions, difficile pour Paul Cauuet de ne pas se mettre au diapason : son dessin se fond parfaitement dans cette dualité, pour un trait dynamique, judicieusement cadré et caricatural sans excès. Ainsi nos 2 lascars démontrent avec brio qu’épopée spatiale et univers gitan font excellent ménage, pour une série sans plus de prétention que divertir avant tout.