L'histoire :
Tandis qu’il participait avec ses troupes de croisés à l’assaut des forteresses de Constantinople (la IVème croisade, en l’an 1204), le jeune seigneur Philippe de Crécy a vu son ami Martin de Blois mortellement blessé. Puis à son tour, en chargeant un ennemi en armure, il a été déséquilibré et a perdu connaissance sous le coup d’un violent coup de hache. Il se réveille vivant et valide, juste égratigné, dans une geôle de la cité. Deux autres prisonniers, dont un vieil aveugle, lui tiennent compagnie et lui font un résumé des circonstances qui ont les amenés ici. Il est question du schisme entre l’Église orthodoxe et l’Église occidentale, il y a bien longtemps. Tandis que Philippe se hisse jusqu’aux barreaux pour étudier une possibilité d’évasion, un capitaine varègue débarque dans la cellule avec une escorte. A la stupéfaction générale, ils annoncent que le siège des croisés a provoqué la fuite d’Alexis III. Leur nouveau souverain est donc Isaac II Ange, c’est-à-dire… le vieil aveugle prisonnier ! Les gardes lui posent une couronne sur le crâne et le libèrent. Dans la mansuétude de ses nouvelles fonctions, le nouveau souverain de l’Empire byzantin fait également libérer ses deux compagnons de cellule. Philippe est alors exfiltré par un certain Michael Dionysious au travers une cité de Constantinople ponctuée d’incendies allumés par les vénitiens…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
De notre point de vue occidental, on connait mal les circonstances du schisme entre les Eglises romaines et orthodoxes. Néanmoins, ce n’est pas avec cette conclusion de trilogie historique et martiale, abordant les évènements romancés au cours de la 4ème croisade (1202-1204), que vous en apprendrez plus, tant la narration de Marko Stojanovic est confuse, inextricable et technique. Cette trilogie est un modèle de ce qu’il ne faut surtout pas faire en matière de BD historique ! Sur un contexte politique et religieux mal connu, le scénariste ajoute des petites histoires d’alliances, de désunions, de trahisons, de vengeances, au cours desquelles on se perd totalement. Beaucoup de blablas accessoires ne permettent jamais de déterminer les intentions, les enjeux, de savoir exactement qui est au service des grecs, des vénitiens, des croisés, des byzantins. Mais bon, ces limites étaient déjà connues avec les deux premiers tomes, rattrapés par un dessin encré réaliste spectaculaire. Hélas, patatras avec ce tome 3. Les frères Kovacevic changent de technique d’encrage et livrent une partition graphique elle aussi plus nébuleuse. Le trait d’origine est certes toujours réalisé avec un soin et une précision réalistes louables. Mais la suppression de l’encrage noir fin (précédemment réalisé par Dan Ianos Catalin) nuit beaucoup à la reconnaissance des protagonistes, par exemple. Moins de scènes spectaculaires d’assauts massifs, plus de querelles rapprochées et des palabres à n’en plus finir… On est heureux que ça soit terminé en trois tomes. Et, très franchement, on n’a rien compris.
