L'histoire :
Edgard Félix Pierre Jacob nait à Bruxelles le 30 mars 1904. 3 ans plus tard, alors la famille est en visite chez des amis, il manque de mourir noyé au fond d'un puits. A l'âge de 10 ans, il montre de jolis talents de dessinateur et... sait parfaitement falsifier ses notes d'école, comme lui a appris son grand ami Jacques Van Melkebeke. C'est l'époque aussi à laquelle son père l'emmène pour la première fois à l'opéra. L'enfant est aussitôt charmé et il rêve désormais d'embrasser une carrière artistique, sur les planches ou face caméra. En 1920, il décroche tant bien que mal son certificat d'études et entre avec son ami Jacques aux beaux arts, section décoration. Sur son temps libre, il participe en tant que figurant à divers pièces au théâtre de la monnaie. Un an plus tard, il signe un contrat professionnel à l'Alhambra de Bruxelles, pour un spectacle aux côtés de Mistinguett. En parallèle de ses activités théâtrales, il exerce différents petits métiers graphiques : retoucheur de bijoux, de photos, de dentelles, voire carrément publicitaire ou dessinateur pour des catalogues de grands magasins. Durant encore bien des années, Edgar P. Jacobs ne parviendra pas à choisir une branche artistique définitive et unique. Il faudra attendre la seconde guerre mondiale pour qu'une occasion en or lui soit proposée : assurer au pied levé la continuité d'une série de bande dessinée pour l'hebdomadaire Bravo...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tandis que le 21ème opus de Blake et Mortimer s'apprête à être l'un des blockbusters de Noël 2012, les éditions Delcourt publient cette biographie BD de leur dessinateur, Edgar P Jacobs. Chantre de la ligne claire et concurrent-confrère d'Hergé sur ce créneau, l'homme a laissé une oeuvre étonnamment resserrée, en raison d'une courte carrière. En effet, saviez-vous qu'il fut avant tout chanteur d'opéra (baryton) et qu'il ne se mit à la bande dessinée que sur le tard, à 40 ans, par un concours de circonstance ? Dans ce one-shot, le scénariste Rodolphe, notamment inspiré par l'autobiographie de Jacobs (Un opéra de papier), fait une grande place à cette partie de sa vie (56 pages), avant de présenter sa carrière au sein du 9ème art (46 pages). Vous découvrirez alors les circonstances de la naissance de Blake et Mortimer, les origines de leurs looks si particuliers, son amitié complexe avec Hergé, ses amours tourmentées, les inspirations pour ses albums... Bien que fourmillant d'anecdotes, Rodolphe emprunte une narration on ne peut plus directe, sans ambages... pour ne pas dire morne, sans relief. Ce parti-pris lui permet sans doute d'être pragmatique au regard de la « quantité » à caser en une centaine de pages, mais il est sans doute aussi un moyen de ne pas faire d'ombre au créateur, en adoptant un style narratif neutre et finalement assez proche de son oeuvre. L'autre proximité est atteinte par le dessin de Louis Alloing, qui s'évertue à coucher une ligne claire largement inspirée de celle du maître... tout en ayant la décence de ne pas être aussi doué. Certaines cases très réussies – et l'album dans son entièreté – demeurent toutefois un bel hommage à l'un des papas de la bande dessinée moderne.