L'histoire :
Lorsque Carlos De Funès arrive à Paris en provenance de son Espagne natale, c'est dans l'idée de faire fortune rapidement. Nous sommes en 1913, et le jeune marié va courir d'échec en échec, y compris en ayant parié au cours de la grande guerre sur l'émergence d'un marché noir pendant une invasion allemande qui n'aura jamais lieu. Lorsque Louis naît en 1914, la famille est installée dans un très modeste deux pièces et Carlos commence à réaliser que ses rêves de richesse ne se réaliseront probablement jamais. Il abandonne sa famille en laissant une lettre annonçant son suicide. Louis va connaitre son premier rôle de comédien sur la scène du théâtre du pensionnat de Coulommiers. Après plusieurs tentatives de se former à des métiers classiques, il finira par choisir sa voie. Sa mère le soutient, et le jeune adulte réussit à décrocher un emploi de pianiste dans un bar, où il rencontre ceux qui l'amèneront vers ses premiers cours de comédie. Son entrée au cours Simon sera déterminante, le comédien va alors démarrer une carrière étayée sur un travail acharné. Sa soif de réussite, sa peur du lendemain, ne l’empêcheront pas de participer à de nombreux films cultes du cinéma populaire français. Et de construire un personnage et un style uniques.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
François Dimberton réalise une biographie partiellement romancée de l'acteur le plus emblématique du cinéma populaire français, sans cacher son admiration pour l'artiste. Il relate patiemment et de manière strictement chronologique les grandes étapes de la vie du comédien, sans oublier de commencer par un contexte familial très compliqué. En effet, l'enfance de De Funès est clairement mise en avant pour expliquer son approche du métier, sa frénésie de travail et son angoisse de ne plus rencontrer le succès. Le dessinateur Alexis Chabert et sa coloriste Magali Paillat donnent un éclairage doux et tout en nuances sur les décors et les moments que traverse leur héros. Ils font passer l'émotion sur de très belles images comme le superbe cimetière balayé par la pluie de la page 103. Les portraits d'acteurs célèbres qui traversent l'album sont immédiatement reconnaissables, sans pour autant avoir la lourdeur des travaux d'après photo. Chabert est un portraitiste habile qui rend son De Funès reconnaissable et fluide dans la reproduction des mimiques qui ont fait sa réputation. Cette bio est donc intéressante par son angle de vue très fort, et instructive pour ceux qui n'ont pas tout lu sur Louis de Funès. Et comme toujours, lorsque le travail est bien fait, on poursuit la lecture par un zapping sur le net pour retrouver la trace en images des grandes étapes que les auteurs mettent en scène.
