L'histoire :
Il y a certes les péripéties gonflantes du déménagement. Mais depuis quelques temps, Stéph n’est plus la même : elle dort tout le temps, n’est pas à prendre avec des pincettes et irrite régulièrement son copain. Ce soir-là, il a quant à lui un mal de tronche terrible. Avant de rentrer au bercail, il propose à Stéphanie de passer à la pharmacie pour un achat urgent de comprimés. Et tiens ! S’il pouvait aussi en profiter pour lui acheter un test de grossesse… Notre bonhomme prend sa claque, mais l’idée d’être éventuellement père le rend plutôt heureux. Il ne faut toutefois pas se précipiter et attendre que le test acheté rende un premier verdict. Le matin suivant, tandis qu’il se brosse vigoureusement les dents, Stéphanie se lance. Le résultat est positif mais ne provoque qu’un : « c’est vraiment super ! Par contre je dois aller bosser » du futur papa. Plantée sur le palier, Stéph se retrouve seule face à cette nouvelle bien difficile à matérialiser. Heureusement, le hasard confie notre future mère à un appel téléphonique de sa maman pour une rencontre immédiate. Mais pas question de lui révéler le pot aux roses. Elle veut le faire en présence de toute sa famille, à l’occasion d’un dîner.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
9 mois… Pour un gros « je », quatre « nous » et quelques « eux » égrainés façon « tranches de vie » au rythme de la courbe encore invisible du bidou de Stéphanie, jusqu’à son bel ovale prêt à éclater. Au centre de ce petit bouquin souple donc, la future maman jouant subtilement le balancier de l’autodérision, de l’anxiété touchante et de l’observation. Entre les lames de son microscope, elle plonge avec habilité ce corps qui se transforme. Mais surtout, elle examine ses proches – amoureux, père, mère, frangin, frangines, amis – dont elle décrit minutieusement, avec humour et parfois ironie, l’évolution et le petit cataclysme que l’annonce, puis la lente matérialisation de l’arrivée d’un bébé, produit. Le compagnon a du mal à se représenter ses nouvelles responsabilités et sa capacité à être un père. Sa mère est incapable de couper le cordon et de voir sa fille devenir à son tour une maman. Son père reste longtemps « absent » et décidé à prendre par les cornes son nouveau rôle de grand-père. Le couple ne sera jamais plus comme avant… Stéphanie Delmas met parfaitement en scène les tenants, les enjeux de ces Nouvelles vies avec, en ligne de mire, ce sentiment si étrange qu’on a quand on devient mère ou père pour la première fois : passer d’enfant à parent. Et c’est d’ailleurs dans cette manière d’observer sa grossesse que l’auteure (Bambii pour les intimes du net…) est la plus convaincante, avec une ou deux trouvailles bien senties (comme par exemple la matérialisation hallucinatoire de sa future progéniture). Pour le reste, il n’y a pas vraiment ni dans le ton, ni dans la manière, ni dans le sujet, de véritable surprise. Si ce n’est ce trait accrocheur, efficace, calibré à la fraîcheur et semble-t-il capable de tout. Prometteur en tout cas.