L'histoire :
A chaque fois qu’il entend des pas dans l’escalier et sur la passerelle située à côté de son bureau, Gabriel espère que ce sera Mathilde. Depuis qu’il a rencontrée cette troublante jeune femme lors d’une soirée du boulot – une rencontre inattendue et coup de foudre – quelques semaines plus tôt, il entretient en effet une relation adultérine avec cette femme mariée et sans enfant. Lui-même est marié et il a deux enfants. Mathilde débarque généralement dans son bureau deux à trois fois par semaine, avec une énorme envie de faire l’amour. Une envie partagée, qui finit par obséder complètement Gabriel. Souvent, il n’en peut plus, il fait tourner les fantasmes en boucle dans sa tête, jusqu’à ce que ce soit enfin le moment attendu. Quand ils sont ensemble, ils ne parlent quasiment pas, trop occupés à essayer toutes les positions possibles dans tous les endroits du bureau. Une fois, ils ont même cassé le fauteuil sur lequel il travaille. Gabriel et Mathilde culpabilisent chacun de leur côté de cette situation vis-à-vis de leurs conjoints respectifs. Mais c’est leur secret et ils comptent bien le faire durer le plus longtemps possible…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans le fond, cette histoire d’amour et de sexe – les deux vont généralement bien ensemble – est très commune. Un homme marié rencontre une femme mariée ; ils se plaisent, alors ils baisent – les deux riment généralement bien ensemble. Et la baise occupe plus de 50% des planches dans ce bouquin de 108 pages de la collection Erotix de Delcourt. Or sans s’empêcher d’être explicites, ces scènes pornos n’insistent pas non plus sur la technicité sexuelle ou les gros plans graveleux. L’érotisme sensuel (et souvent plus excitant !) prime. L’originalité de cette histoire vient surtout du double point de vue et donc du double traitement graphique. Le point de vue de Gabriel est dessiné par Sandrine Saint-Marc à l’aide d’un dessin utilisant des traits de 3 couleurs pour les pourtours (cyan, pourpre et violet) et des aplats gris pour les ombres. Le point de vue de Mathilde est dessiné quant à lui par Deloupy, dans un splendide encrage rehaussé d’un lavis en aplats de gris sépia. Si les deux points de vue narratifs diffèrent peu – l’un tombe amoureux de l’autre, et réciproquement, dans la culpabilité et le désir – les deux points de vue graphiques se complètent sans se heurter. Une belle histoire, en somme, qui délimite fort bien le périmètre de l’érotisme par rapport à la pornographie.