L'histoire :
Jadis, dans des contrées extrême-orientales, le roi Ogou régnait sur le royaume de Boulla, en guerre depuis trop longtemps avec ses voisins du nord-ouest. En quête de solution, il avait consulté un devin qui lui avait fait une bien sombre prédiction : la guerre ne s’arrêterait qu’après sa mort, qui serait provoquée par la dernière de ses 7 filles. Au départ incrédule, le roi prit peur lorsqu’il donna effectivement descendance à 7 filles… Et évidemment, il tenta par tous les moyens de faire disparaître la dernière ! Abandonnée aux abords d’un volcan, elle fut sauvée par une grue bleue. Dans les glaces du pôle, un ours blanc la protégea. Après l’avoir prénommée « Bari », il finit par laisser voguer son berceau au grès d’une rivière et s’en retourna guerroyer. Durant 15 ans, sa cruauté ne fit que s’accentuer. Puis il tomba très malade. Seule l’eau d’une source miraculeuse pouvait le sauver d’une mort certaine. Mais aucun de ses sujets n’était prêt à tenter pareille aventure pour un souverain aussi cruel. Lorsque soudain, une jeune fille âgée d’une quinzaine d’année se présenta pour relever le défi : la généreuse princesse Bari…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le résumé ci-dessus ne traite que des 4 premières pages de ce one-shot, narrées à la manière d’un préambule… et c’est pourtant bien là le plus intéressant des 46 planches qui sont tirées de cet ancien conte coréen (présenté comme très populaire) ici adapté par Gyu. La suite n’est qu’un gloubi-boulga de combats, pirouettes et autres débauches d’éclairs et d’effets tumultueux – certes parfois visuellement travaillés – qui n’apportent strictement rien au conte à proprement parler. Jusqu’à la dernière case, la quête de la princesse Bari (qui signifie « abandonnée de tous ») emprunte ainsi des voies particulièrement abstruses, à grand renforts de démons griffus et dentus, de chorégraphies aériennes qui font kiing, tchuaaa, kwakwakwang, kiououou et aussi tchak. Et puis des parenthèses éthérées nous reposent (afait du bien…), le temps d’un vague dénouement lyrique sur le yin indissociable du yang… heu pardon, l’enfer du paradis (ou un truc du genre) (voyez ?) (non ?) (bon, tant pis). Les choix narratifs enfoncent toutes les portes ouvertes, la psychologie des personnages n’a pas une once de subtilité, et pouf, ils vécurent heureux jusqu’à la fin de leur vie. Certes, à travers son joli coup de crayon, à la finition fluctuante selon les cases, Gyu montre qu’il a bien appris les bases techniques du manga… Mais tout est aplatit par la colorisation ocre-glauque-terne et les textures tramées de Wang Peng et de son studio 9. Bref, c’est pas trop notre came. Peut-être existe-t-il un public pour apprécier le registre ? La princesse barrit, la caravane passe…