L'histoire :
Des illustrations en noir et blanc du début du siècle dernier (et d’avant), ou des bandes dessinées désuètes (mais en couleurs), confidentielles et archaïques, trop vieilles pour être sous droits, sont détournées dans leurs légendes, ou leurs dialogues, pour acquérir un sens contemporain déconnant.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il s’appelle Gil quelque chose, il est bruxellois, il n’est pas réellement graphiste et il a commencé à déconner sur le web en faisant des détournements rigolos de planches extraites de Tintin. L’exercice consistait à décontextualiser les répliques dans les bulles pour leur donner un sens radicalement différent, d’obédience plutôt urbaine, humoristique et contemporaine. « Un faux graphiste » était né, et sa pub était assurée par la société Moulinsart SA, lorsqu’elle lui a intimé l’ordre d’arrêter d’écorner le célèbre héros à houppette. L’auteur continue aujourd’hui de sévir sur le net, mais sur des illustrations ou strips plus confidentiels ou libres de droits (n’hésitez pas à consulter son profil Facebook®). Ce petit recueil à couverture souple édité par Delcourt condense officiellement « le meilleur » de la production iconoclaste d’Un faux graphiste. Il suffit d’éplucher le web pour constater que ça n’est pas tout à fait vrai. En fait, son « meilleur » est en train de le devenir. Les détournements ici empilés alternent de vieilles illustrations en noir et blanc (du XIème et début XXème siècle) et des extraits de comics ou fumettis de série B façon Bonelli, de tous genres (western, eau de rose, SF…) laissés en l’état, c’est-à-dire avec leurs erreurs de proportions, de découpages et leurs aplats de couleurs kitsch. Si la verve bienvenue des faux dialogues d’un faux graphiste dans son faux livre fait souvent sourire, elle ne transcende pas pour autant l’exercice du détournement, la plupart du temps. En outre, l’empilement des contextes différents donne un effet patchwork peu immersif. Sur ce plan, les illustrations one-shot s’avèrent plus percutantes que les extraits de bandes détournées. A lire, ou à feuilleter plutôt, donc, au compte-goutte.