L'histoire :
C’est l’histoire d’une maladie appelée « dépression ». Une maladie qui peut toucher n’importe quelle personne, un papa ou une maman aussi. Une maladie qui fait peur, mais heureusement, dont on peut guérir. Ça commence en général par une plainte, du style « Ça ne va pas du tout », alors que le papa ou la maman n’a mal nulle part. C’est parce que c’est une maladie invisible, qui ne ressemble pas aux rhumes ou aux varicelles que les enfants connaissent bien. L’avantage, c’est que c’est une maladie non contagieuse ; l’inconvénient, c’est que c’est une maladie dont on n’ose pas trop parler, comme si c’était secret ou honteux. Mais en fait comme n’importe quelle autre maladie, cela arrive quand il y a un dérèglement du corps humain qui empêche de vivre comme avant. Pour expliquer ce qu’ils ressentent, certain(e)s peuvent trouver la métaphore du « brouillard dans la tête ». Impossible de réfléchir, de se concentrer, de travailler… et ce qui est inquiétant, c’est que l’adulte qui en est atteint se met à pleurer un peu n’importe quand, un peu tout le temps… et sans raison apparente ! Et il est impossible de coller un sparadrap sur le bobo pour le soigner. L’idéal pour soigner ça, c’est d’apporter beaucoup d’amour et de réconfort et surtout d’être suivi par des médecins spécialisés dans la dépression…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La dépression expliquée aux enfants à l’aide de dessins enfantins et à l’aide d’images simples : voilà une idée sacrément pas bête, à la marge du 9ème art. Cette saloperie de maladie parait souvent abstruse à cerner, car le patient ignore même parfois (souvent) l’idée d’origine de sa déprime. Expliquer les mécanismes qui arrivent à faire pleurer papa ou maman, alors même qu’il n’y a aucun bobo apparent, après tout, les enfants peuvent se révéler tout à fait aptes à comprendre ce message. Et avouons-le : ce petit bouquin intelligemment « scénarisé » par Judith Rieffel ne s’avèrera pas une aide didactique précieuse qu’à destination des enfants : les adultes qui le parcourront y trouveront de sérieux leviers pour comprendre et lutter contre l’hydre dépressive, qu’elle frappe soi-même ou dans l’entourage. Mademoiselle Caroline avait déjà décrypté sa propre dépression en BD, à travers Chute libre. Elle boucle ici logiquement la boucle, certes avec un dessin minimaliste, qui n’est pas la plus-value première du bouquin. La métaphore de l’iceberg, pour représenter les souvenirs visibles au-dessus de la ligne de flottaison et ceux qui pourrissent la vie par dessous, est tout de même astucieuse. Les autrices filent ainsi souvent la métaphore. Ainsi en va-t-il de la pelote de laine à démêler, ou de la dépression à vivre comme un long voyage dont on ne connait pas le point d’arrivée. Sans rien masquer des affres de la dépression, ce bouquin reste intimement positif. Car au final, ce qui ne tue rend plus fort… et lorsqu’on comprend la dépression, celle-ci n’a aucune raison de tuer.