L'histoire :
Suicides : De nuit, deux hommes en camion doivent subir un contrôle de police sur une route du littoral anglais. Ils ont des choses à cacher, car ils flinguent l’un d’eux dès qu’il veut regarder à l’intérieur d’un caisson à l’arrière. La course-poursuite qui s’ensuit se termine par la chute du camion dans la mer et… la dérive des caissons…
Dans l’empire du milieu : L’espion anglais 421 est envoyé sur une nouvelle mission en Chine. Il doit récupérer un appareil électronique qui permet de concentrer la méditation des pratiquant pour guides des missiles nucléaires ! Pour ce faire, il doit infiltrer le milieu des pilotes internationaux participent à un grand rallye automobile à travers l’empire du milieu…
Scotch malaria : 421 apprend indirectement que sa hiérarchie attend de lui qu’il vende les plans d’une usine atomique aux libyens – une fausse trahison, bien entendu. L’agent britannique applique donc un plan tordu pour gagner la confiance des libyens et apprend enfin la nature de sa vraie mission : exfiltrer Diane McNamara et une mystérieuse plaquette bourrée de technologie d’un camp militaire au Nord du Congo…
Les enfants de la porte : Gravement blessé par balle au Congo, l’agent 421 revient progressivement à lui dans un monde qu’il ne reconnaît plus. Sous un soleil de plomb, il est trainé jusqu’à une cité orientale pour être vendu comme esclave. Il doit ensuite travailler comme un forcené au fond d’une forge étouffante. Puis il a la chance d’être choisi comme favori par une anglaise, comme lui, prisonnière du harem du sultan depuis plus de 10 ans…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette seconde intégrale de 421 réunit les tomes 3, 4, 5 et 6, publiés en albums par Dupuis respectivement en 1986, 1987, 1987 et 1988. Les auteurs Stéphan Desberg et Éric Maltaite envoyaient alors leur héros agent secret s’affranchir de missions totalement rocambolesques, périlleuses et improbables, dans la plus grande décontraction, selon un modèle vaguement inspiré de James Bond et d’Indiana Jones. Avec 35 ans de recul et de prise de maturité du 9ème art, le lecteur de 2022 à la sensation d’un ton qui se cherche, entre le réalisme des velléités géopolitique de l’époque (nous étions encore avant la chute du mur et la fin de l’URSS) et la parodie, sans grand lyrisme et sans humour. Ainsi, les espions sont souvent soviétiques et les chinois portent encore la tunique militaire de Mao. L’agent 421 bourlingue ainsi de Jamaïque au Cambodge, pour démanteler un réseau de cobayes humains (T3). Puis il participe à un rallye automobile à travers la Chine pour récupérer une technologie de méditation nucléaire (T4). A partir de Scotch Malaria (le T5), la manière de travailler entre les auteurs change. Desberg ne fournit plus un scénario découpé, mais écrit, en texte ; charge à Maltaite de s’occuper à 100% de la mise en scène. On sent bien que la technique est hésitante, à travers des passages d’action muets, entrecoupés d’encadrés narratifs lyriques… Ça n’est pas tout à fait au point, mais le processus de mue se poursuit encore dans le tome suivant (T6, Les enfants de la porte), qui fait radicalement basculer la série dans un autre genre : l’uchronie rétro-futuriste débridée ! La bascule est brusque, l’incursion du fantastique se fait sans transition ni explication… 421 évolue dès lors dans un XXème siècle qui n’a pas connu de révolution industrielle, où tous les délires mélangeant science fiction (les avions sans ailes) et archaïsmes (la vente d’esclaves) sont permis. Le film Retour vers le futur est passé par là et il a vraisemblablement beaucoup inspiré les auteurs pour le champs temporel des possibles. Les intentions, contextes éditoriaux et décryptages des techniques sont expliqués au cours d’un long dossier de préface, assurée par l’érudit Didier Pasamonik.