L'histoire :
En juillet 1907, le jeune et robuste Amédée Fario est quatorzième d’artillerie au régiment d’infanterie de Tarbes. Lui et son unité sont alors réquisitionnés pour acheminer à bras d’homme, sous un cagnard de plomb, les différents matériaux nécessaires à la construction de l’observatoire du Pic du Midi. Ce faisant, il se lie d’amitié avec un astronome, Camille Peyroulet, qui lui demande de lui rapporter lors d’une montée un journal sportif parlant du Tour de France. Il n’en faut pas plus à Amédée pour se passionner pour la grande boucle et ses héros. Dès la quille, il se met en tête de gagner suffisamment d’argent pour s’acheter un vélo. Il devient porteur de ravitaillement pour l’équipe en place au sommet du pic du midi. Quelles que soient les conditions météo, Amédée multiplie alors les allers-retours à 8 francs, renforçant sa condition physique et profitant de chaque occasion pour discuter vélo avec son ami Camille. Mais un jour de Noël, il surestime ses forces et se perd dans une terrible tempête de neige. On le retrouve à moitié frigorifié et le médecin doit l’amputer de ses 10 orteils gelés. Qu’à cela ne tienne, avec l’aide de Camille qui lui fabrique secrètement des prothèses pour ses pieds, il s’accroche à son rêve et participera au tour…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Devoir résumer ce one-shot à ces quelques lignes est un véritable sacrilège, tant cette histoire est magnifique à tous points de vue. Tout d’abord la reconstitution historique est incroyablement réaliste. Christian Lax a eu l’excellente idée de lier les premiers coups de pédale du Tour de France à la construction titanesque de l’observatoire du Pic du Midi, tous deux ayant eut lieu au début du XXe siècle. Dans les deux cas, les hommes qui furent confrontés à ces aventures furent de vrais héros, au sens mythique du terme. On sent derrière l’approche qu’il fait du Tour de France une forme de respect profond pour l’exploit sportif que cela représente à ses yeux. Dès les premières planches, on est littéralement happés par ce destin épique, on se passionne pour cette ode à l’héroïsme dans ce qu’elle a de plus noble. Mais L’aigle sans orteil est aussi une belle et saine histoire d’amitié entre deux hommes de générations différentes. La mise en image de cette épopée est également de très haute volée et la colorisation aux tonalités sépia accorde un petit côté suranné qu’on retrouve sur les vieilles photographies d’époque. En fait, c’est tellement de choses… Lax tient sans doute ici son chef-d’œuvre.