L'histoire :
Cyril est un dragueur-né. Après une nuit de folie en boîte, même déguisé en pirate, il parvient à ramener deux copines chez lui, à l’aube, pour le petit-déjeuner. Parmi elles, se trouve Natacha, une jeune brunette d’origines juive-italienne, qui a du tempérament et beaucoup de charme. Leur idylle commence vraisemblablement ce jour-là. Les premiers temps, Cyril ne change pas grand-chose à ses habitudes de séducteur. Natacha finit toutefois par remplir son paysage sentimental. Dans la vie, Cyril est acteur, de seconde catégorie : doublures de dessins animés, lectures à la radio, figuration au cinéma, rôles dans de petites pièces de théâtre… En marge de ce métro-boulot-fiesta-dodo relativement stable, il se met à s’attacher vraiment à Natacha. Il l’invite au resto, ils font l’amour, se font des blagues, s’engueulent, se réconcilient et au final, ils partagent une réelle complicité. Jusqu’au jour où Natacha, les yeux hagards, lui annonce une drôle de nouvelle : elle est enceinte. Or, une nouvelle ne tombe jamais seule…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le train-train-quotidien est passionnant. Si vous en doutiez, il est temps de vous mettre à lire du Grégory Mardon. Pour preuve, les petits tracas du héros Cyril s’empilent ici à grande vitesse et piquent notre intérêt dans le 3ème volet de son Extravagante comédie du quotidien, assez justement titré « C’est comment qu’on freine ». Et pourtant, ce ne sont que des histoires de drague, un boulot stable, un flirt plus sérieux, les affres et bonheur de l’amour, l’infarctus du papa, une « grande nouvelle » qu’on peine à accepter… Des évènements lambda, donc. C’est sans compter sur la virtuosité de Mardon pour innover en matière d’art séquentiel, avec finesse et tempérance. Ici encore, en marge d’un trait de dessin moderne, sans fioriture mais toujours d’une grande justesse, il trouve des astuces narratives variées et franchement jubilatoires. Ainsi, par exemple, lorsque Cyril balance « un truc » dans le bain de sa dulcinée… vous ne saurez jamais ce que c’était, mais ça vous aura hameçonné une planche entière (allez, Grégory, on saura un jour ce que c’était, hein ?). Ou encore l’empilement de cases muettes sur une planche, séparées par de longues ellipses, brossant une journée, une semaine ou un mois, peu importe pourvu que le tumulte de la vie d’un trentenaire urbain nous ébouriffe. Ou encore cette petite visite guidée du village d’enfance, durant laquelle les protagonistes passent comme des géants au dessus des maisons. Les lecteurs attentifs auront aussi remarqué que le personnage de Cyril et son entourage sont déjà présents dans Corps à corps et Incognito. Mardon poursuit donc une œuvre quasi-sociologique cohérente et vraiment réjouissante. Notez enfin que cette histoire trouvera son dénouement dans un prochain album, d’ores et déjà intitulé Le dernier homme…
