L'histoire :
Pierre Gringoire est un vendeur d'automates et d’objets articulés en tous genres. Pris dans sa démonstration, il ne remarque pas tout d'abord que la foule s'est éloignée de lui et regarde ailleurs. Quand il s'en aperçoit, il se rapproche du spectacle qui ose lui faire concurrence. Choqué, il voit une jeune fille lancer des couteaux en guise de jeu. Cette Esmeralda est belle et fougueuse, les cheveux bleus longs, avec un aplomb étonnant. Elle ne porte en plus aucun masque, alors que l’air est pollué. Sidéré par autant de grâce et d'effronterie mélangées, Gringoire ne cesse de la regarder. Le spectacle est interrompu par les Vapos qui dispersent la foule. Le capitaine Phébus cherche Esmeralda, mais la jeune rebelle a eu le temps de s'enfuir. Gringoire tente de la suivre et se retrouve dans les égouts de Paris. Un homme étrange et patibulaire, habillé comme un épouvantail, l'accueille d'un drôle d'air et l'amène à un endroit sordide et dangereux : la cour des miracles !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’œuvre de Victor Hugo, Notre Dame de Paris est éternelle et traverse le temps et les époques. Alors pourquoi pas une version futuriste de ce roman archi célèbre ? Le présent album résume en un épisode les grandes lignes du roman (qui fait quand même deux tomes volumineux) et le tout en version steampunk. Tous les personnages bien connus de Hugo deviennent des personnages de jeu de rôle : Phébus est affublé d’un casque et d’une combinaison de cosmonaute pour se protéger de la pollution ; Esmeralda, avec ses cheveux bleus, est dotée de nombreux flingues et de protections en cuir ; tandis que Gringoire est le scientifique de la bande. Quasimodo, bien entendu, est une sorte de méca effrayant, à mi-chemin entre un monstrueux Frankenstein et Mister Freeze ! Reste le prêtre Frollo qui est devenu un alchimiste de renom au corps bionique ! Florian Royer a osé et il faut reconnaître que son audace est payante, puisque ce joyeux mélange est finalement plutôt efficace. Quelques trouvailles transforment habilement l’œuvre avec des touches bien senties de modernité et de futurisme. Ainsi, ce n’est plus une lutte des classes qui a lieu et qui se joue dans les souterrains de Paris, mais une survie face à un monde pollué et dangereux. L’essentiel du scénario de Victor Hugo est toutefois respecté pour garder une tension au récit. Malgré tout, certains grands moments sont passés sous silence, comme l’amour transi de Quasimodo pour Esmeralda ou l’importance de la cathédrale Notre Dame, un « héros » à part entière du roman. On pourra également regretter quelques facilités de langage, bien loin du style enflammé et érudit de Victor Hugo. Après tout, il faut s’adapter à son temps… Le dessin est assez irrégulier. Les scènes sont dynamiques et certaines trouvailles graphiques, notamment sur le rendu des personnages, sont assez bien vues. Pourtant, les cases sont minimalistes et les couleurs souvent criardes. Le décor est presque absent, ce qui est un comble dans une histoire où la machinerie et la technologie sont rois ! Esmeralda est aussi plutôt ratée, bien loin de la beauté rebelle et libérée du personnage de Hugo. L’ensemble reste toutefois de bonne facture et ce pari audacieux est plutôt réussi.